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En réponse à :

demence vasculaire

, par Michel

Bonjour, Louiza.

Je comprends que vous soyez désemparée. Et je ne vois pas très bien ce qui pourrait vous rassurer.

Vous avez un premier problème qui est neurologique : votre mère a fait un accident vasculaire hémorragique avec une hémiplégie qui, si je comprends bien, ne régresse pas au bout de deux mois. Ce n’est pas une bonne nouvelle, car non seulement le pronostic des accidents hémorragiques est plus mauvais que celui des accidents emboliques, mais de toute manière au bout de deux mois tout est joué, et s’il était possible de mettre en place une rééducation il ne faudrait pas en attendre beaucoup. Dans le cas de votre mère la rééducation n’est pas possible ; c’est dommage, mais compte tenu de ce que je viens de vous dire ce n’est pas forcément une perte majeure. Cela signifie toutefois que les choses vont rester ce qu’elles sont.

Le second problème est intellectuel. Et on vous a parlé de démence vasculaire. À vrai dire j’envisagerais les choses comme suit.

La démence vasculaire est tout à fait plausible, mais il faudrait savoir comment on en est venu à cette hypothèse. Car si elle présente quelques particularités cliniques ces particularités sont loin d’être suffisantes pour poser le diagnostic de manière catégorique ; quant à l’IRM, elle est loin de me suffire : s’il est rare qu’une démence vasculaire coexiste avec une IRM normale, l’inverse n’est pas vrai, et on peut très bien avoir des multiples cicatrices radiologiques d’accident vasculaire cérébral et une démence qui n’a rien à voir.

Les autres causes de démence sont à prendre en considération. Cependant la maladie d’Alzheimer du sujet jeune est une rareté. Quant aux autres causes, il faudrait en faire l’inventaire. Je dis : il faudrait, car on se demande ce qu’on ferait du diagnostic une fois qu’on l’aurait établi.

Mais il faut aussi se poser la question d’un trouble d’autre nature, même si j’ai bien compris qu’à votre sens les troubles de mémoire ont commencé avant la crise actuelle. Son état associe dépression et agitation. Il est très possible que pour une part cet état soit réactionnel à la situation : démence ou pas, elle vit ce qu’elle vit, et elle peut par son comportement manifester son refus de ce qu’elle vit.

Il importe pour le moment de faire le point de ce qu’on peut lui apporter, en termes de confort et de prise en charge. Mais ce sera très limité. Et je suis tenté de lire de la manière suivante ce que vous écrivez :

Elle est complètement à l’ouest

Et ce peut être pour elle une excellente manière de ne pas trop prendre consciences de ce qui est en train de se passer. Il ne faut pas se précipiter sur les confusions mentales, elles ont un rôle protecteur.

Elle ne veut plus se nourrir

Ce peut être une manifestation de sa liberté.

Voilà. Je sens bien ce que mes propos ont de triste. Mais je ne me sentirais pas honnête en vous disant autre chose. A moins que votre message, péchant par excès de pessimisme, m’ait induit en erreur.

Bien à vous,

M.C.

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