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En réponse à :

Les troubles psychiatriques du sujet âgé

, par Aurélie

Bonjour Michel,
Nous avons échangé plusieurs fois à propos de la dégradation de l’état de ma mère, hospitalisée en mars dernier puis revenue chez elle ; la situation est assez tendue en ce moment. Je reviens vers vous pour un éventuel conseil sur la manière de faire face à cette situation conflictuelle sans aggraver, si possible, son état psychique.
Les choses se passaient assez bien depuis quelques mois, avec ma mère revenue chez elle, nous avions des relations correctes et son état s’était plutôt amélioré. Ses patients encore en thérapie psychanalytique étaient partis. J’avais pris beaucoup d’éléments en main, passé toutes les sources de dépenses régulières au prélèvement automatique, et j’avais continué de faire suivre le courrier de ma mère chez moi, ce qui me permettait de régler les situations urgentes malgré la distance. Je n’avais pas réussi à avoir un diagnostic clair sur son état, parce qu’elle insistait pour gérer seule les rendez-vous avec le neurologue, le psychiatre et l’orthophoniste, mais tout cela était en place et je savais qu’elle était entre autres sous Mirtazapine. J’avais été reçue par un juge pour la demande d’habilitation familiale en cours et j’en attendais le résultat.
Il s’est passé récemment deux événements qui ont réactivé chez elle un vieux schéma de conflit qui s’est déjà déroulé avec plusieurs personnes de sa famille. J’ai décidé qu’elle ne viendrait pas chez moi pour Noël mais que je lui rendrais visite en janvier, et elle s’est rendu compte que son courrier arrivait chez moi, ce qu’elle vit, et on peut le comprendre, comme une violation de son intimité. Je n’ai pas pu lui faire entendre que j’avais entrepris cette démarche, ainsi que la demande d’habilitation (avec laquelle elle semblait autrefois d’accord), pour lui alléger le quotidien. Je la vois enfermée dans une négation absolue de son état ainsi que dans un discours de récriminations rétrospectives assez fou, où je deviens une sorte d’épouvantail pervers narcissique qui aurait tenté de la contrôler pour le plaisir et qui serait enfin "cerné", "démasqué". En vérité j’ai l’impression que c’est à elle-même qu’elle s’adresse. Elle dit ne pas vouloir me voir, mais je sais que je recevrai d’ici quelque temps des appels au secours qui relèvent d’une forme de manipulation que je connais bien.
Ma question porte donc sur la meilleure attitude à adopter. Je crois que je vais devoir me retirer partiellement de la situation, à la limite de ce que je peux supporter, quitte à lui rendre moins de visites, ne pas répondre à des courriels de récrimination et prendre de la distance. Mais je vois aussi qu’elle est fragile, qu’elle se nourrit mal, et que, si elle se met en tête de contester la démarche d’habilitation, elle risque de devoir accepter une deuxième expertise psychiatrique qui la perturbera encore plus, et donc de "basculer" dans une forme plus grave de délire interprétatif. Tout cela est un mauvais cocktail pour accompagner les troubles cognitifs et de l’humeur.
En même temps, j’ai appris à me protéger, à protéger mon conjoint, à me professionnaliser comme vous le conseillez, et je ne vois pas bien quoi faire d’autre que de la laisser aller au bout d’un processus de catastrophe dans l’obstination solitaire, et quasiment auto-destructrice, qu’elle semble mettre en scène presque consciemment. Avez-vous un avis là-dessus ? Grand merci de votre écho.

Bien à vous,
Aurélie

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