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En réponse à :

Les troubles psychiatriques du sujet âgé

, par Michel

Bonsoir, Florence.

Pas du tout facile de vous répondre : vous n’avez pas envie de devenir la psychanalyste de votre mère, et vous avez totalement raison ; mais je ne suis pas davantage en position de le devenir, et si je peux vous donner quelques éléments théoriques je suis un peu à bout de ressources pour vous parler de cette situation que je ne connais pas. Je ne peux que commenter ce que vous me dites, c’est en somme le rôle du coryphée dans la tragédie grecque.

Il ne faut pas oublier que le délire est avant tout un discours, et que ce discours a besoin de se dire. Cela signifie que l’idée de trouver une solution, une attitude qui permettraient de couper l’herbe sous le pied du délire est totalement illusoire : à supposer que vous puissiez supprimer l’objet sur lequel votre mère délire elle n’aurait rien de plus pressé que d’en trouver un autre ; à la limite on se demande si ce ne serait pas contre-productif. C’est pourquoi la bonne attitude est probablement de tâcher de le contenir dans des « limites raisonnables », en faisant la part du feu.

Si j’applique cette théorie à l’affaire de la robe de chambre, je me dis que le plus simple est précisément de ne pas en faire une affaire : « Je peux te la prendre, si tu veux » ; cela ne vous oblige nullement à entrer dans son propos, dans son délire, mais permet de neutraliser la robe de chambre tout en l’autorisant à dire son désir que vous l’acceptiez. Quelle interprétation en donner ? Je ne sais pas. Mais j’attire votre attention sur deux points :
- Dans cette stratégie de pilotage à vue, cette interprétation n’a aucune importance. Vous en auriez besoin si vous décidiez, précisément, de devenir sa psychanalyste : cela vous servirait à élaborer votre attitude. Mais dans le cas présent cette interprétation ne vous aiderait en rien à organiser voter stratégie. À part quoi votre proposition : elle vous refile ses problèmes avec la robe de chambre, me convient tout à fait ; ce n’est pas la seule.
- Votre première réaction a été une réaction de refus. Ceci interroge votre propre ressenti. Il vaut la peine de vous demander pourquoi. À titre d’exemple (je dis bien : à titre d’exemple, car moi ce n’est pas vous) si j’avais dans une telle circonstance une telle réaction je prends le pari qu’elle témoignerait d’une répugnance dont je connais les origines.

Vous indiquez que « les voix lui donnent des ordres ». Vous devriez approfondir : il se peut fort bien qu’effectivement elle ait fait un peu de bruit la nuit, et qu’un agent de nuit l’ait rappelée à l’ordre : même les meilleurs font de telles erreurs (à supposer que c’en soit une). Mais si ce n’est pas le cas, il faut savoir qu’il existe des formes de délire qui comportent ce type d’hallucination auditive ; on appelle cela l’automatisme mental et c’est une forme (les psychiatres me pardonnent ce charabia !) d’organisation de certaines psychoses délirantes. C’est important car cela pourrait inciter à penser que tout de même elle se trouverait mieux avec un peu de neuroleptique ; enfin, je dis ça… il faut qu’un médecin le décide.

Bien à vous,

M.C.

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