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Un an après

, par Cyrianne

Bonsoir Michel,
Me revoilà, avec mes interrogations, mes doutes, ma révolte, mon impuissance...... triste spectatrice de la "vie" de Papa.
Un an que Maman nous a quittés.... Un an que Papa est désormais seul dans sa chambre...
Les deux premiers mois après le départ de Maman, Papa était dans un état très inquiétant. Beaucoup de personnes ont pensé qu’il allait suivre son épouse. Puis Papa a un peu remonté la pente, cherchant toujours sa compagne, mais un peu plus serein en dehors de ça.
Mais la maladie continue inlassablement son terrible chemin. Son état actuel me préoccupe (mais pas le personnel apparemment car ils me disent à chaque fois qu’il va bien . point barre).
Papa a maintenant perdu 40 kgs soit 40% de son poids d’entrée en EHPAD il y a maintenant 2 ans 1/2. Il est très faible. Son corps est impressionnant de maigreur. Il ne peut pratiquement plus parler. Il réagit de moins en moins, sourit de moins en moins. Il déambule encore le matin ;il arrive à faire environ 50 mètres dans les couloirs, dans sa matinée à tout petits pas glissés ce qui fait dire au personnel qu’il marche beaucoup !!!! Il a encore bon appétit : avec un peu d’aide et beaucoup de patience et de temps, il arrive à avaler un repas mixé. Mais la marche du matin plus la prise du repas le laissent épuisé et il finit sa journée allongé, à "dormir" les yeux grands ouverts fixant le plafond et la bouche grande ouverte également. On entend à peine sa respiration que je contrôle en posant doucement ma main sur son thorax. Sa vie se résume maintenant à cela : déambuler, manger et attendre..... une visite, une attention, un sourire.... Je ne sais plus quoi faire, en plus de la musique, des douceurs sucrées et des câlins, pour agrémenter sa vie. Le personnel n’a pas le temps pour communiquer avec les résidents : alors, les gestes sont brusques, il crie de peur et je me révolte en leur demandant de me laisser faire.... en vain. Débarbouiller un malade en lui frottant vigoureusement le visage à l’eau froide n’est pas un bon geste médical.... Il engendre la peur et les cris. Attendre que l’eau soit tiède et laver doucement en lui parlant ne prendrait, selon moi, pas plus de temps... Mais il y a la coupure qui approche et on ne veut surtout pas la louper.... c’est un pauvre exemple, mais tout est ainsi.... je suis vidée, écoeurée par l’expérience de la maison de retraite. Le pire, c’est que dans les autres maisons pour lesquelles je me suis renseignée, mes amis me relatent exactement les mêmes problèmes. C’est dur d’être celui qui aime ! je suppose que rien n’est jamais parfait pour nos malades.... Mais il y a parfois des limites, comme cette aide-soignante qui me dit "qu’on l’emmène petit-déjeuner quand il est fait" !!! On fait le lit, on fait le résident en racontant son week end à sa collègue et on passe au suivant....
Je suppose que je ne suis pas la seule à mal réagir ! Mais Papa est tellement faible, épuisé, fragile, dépendant,sans défense !!!! comment peut-on encore lui enlever sa dignité ? Car je suis sûre qu’il se rend compte de tout cela ! C’est trop facile de dire qu’à un certain stade, ils ne se rendent plus compte de rien ! C’est faux, archi-faux ! Il suffit de regarder ses yeux quand on prend le temps de capter son regard ! Sa vie est son fardeau, sa torture.... Il souffre, il est malheureux et je ne sais plus à quelle dégradation je dois me préparer.... Je ne comprends pas pourquoi il continue inlassablement à perdre du poids, entre 1 et 2 kgs chaque mois, sans interruption, sans stabilisation, sans pause. Comment son pauvre corps va-t-il encore tenir ? Comment peut-il encore perdre quand on voit ce grand monsieur d’1m90 qui n’est plus que l’ombre de lui-même ? Ce tableau et ce qu’il laisse entrevoir est effrayant.....

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