Poster un message

En réponse à :

Le grabataire en fin de vie

, par Michel

Bonjour, Sonia.

Je ne peux qu’imaginer la situation : pour répondre à vos questions il faudrait avoir vu le malade.

Mais je dirais que la question n’est pas : que va-t-il se passer ? mais : qui veut quoi ?

- Il s’agit d’un malade pas très âgé, 85 ans, mais âgé.
- Il présente une démence vasculaire. Ces démences ont une évolution aléatoire, avec souvent de longues périodes de stabilité, mais tout de même au bout de quelques années il est rare que la dégradation ne soit pas importante ; il est donc lourdement atteint. De surcroît la démence vasculaire s’accompagne presque toujours de dégâts neurologiques qui viennent encore assombrir le pronostic.
- D’ailleurs il présente des troubles de la marche, et il a des troubles de la déglutition. Et il est très dépendant.

Actuellement il se passe quelque chose de plus : la grabatisation est devenue complète, il mange de moins en moins. Si les couches sont de moins en moins mouillées, ce peut être le signe que la fonction rénale se dégrade, mais la première hypothèse à envisager est que, tout simplement, il se déshydrate.

Il y a donc trois hypothèses pour expliquer la déstabilisation de la situation :
- C’est parce qu’il présente une affection aiguë.
- C’est parce qu’il se déshydrate.
- C’est parce qu’il évolue vers sa fin.

Que faut-il faire ? En premier lieu, décider, et vite, car si on veut agir c’est dans l’urgence.
- Que veut le malade ? Évidemment il ne va rien en dire. Mais il se peut qu’il ait dit des choses dans le passé, sur quoi vous pourriez vous appuyer. Il se peut aussi que ses difficultés alimentaires soient l’expression d’un refus, que ce soit par peur de la fausse route ou par désir d’en finir.
- Que voulez-vous ?

Car le pronostic n’est pas bon. Ce qui peut, doit être fait à mon sens, c’est une réhydratation de principe, dont l’efficacité se jugera très facilement sur la relance de la diurèse. Parallèlement il faut un examen médical rapide pour éviter de passer à côté d’une évidence. Il faut aussi vérifier qu’il n’y a pas un médicament mal toléré, ou qu’il n’y a pas un inconfort majeur (douleur ?) passé inaperçu.

Mais quand cela aura été fait, et que cela aura échoué, il restera à se dire qu’on entre probablement en fin de vie ; que si la situation se stabilise ce sera au prix d’une grabatisation aggravée, et que de toute manière la dénutrition ira son chemin (il est illusoire de vouloir lutter contre). Il n’y aura pas d’étapes particulières de la maladie ; d’ailleurs ce n’est pas la maladie qui est ici à l’œuvre c’est autre chose. Autre chose que nous ne connaissons pas, et au sujet de quoi la question est de savoir si nous voulons vraiment le trouver : on ne meurt pas d’une démence, on meurt d’une affection surajoutée qu’on n’arrive pas à maîtriser, et le plus souvent même à identifier. Et qui nous met d’autant plus en difficulté que les moyens à mettre en œuvre pour cela impliqueraient pour le malade une série d’inconforts et de souffrances (examens, traitements...) qui lui seraient d’autant plus pénibles qu’il n’a plus les moyens d’en comprendre les enjeux.

D’où la question, brutale, terrible, que je vous pose, mais qui est la clé de tout : et si le moment était venu ?

Bien à vous,

M.C.

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici
  • Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.