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En réponse à :

L’agonie

, par Michel

Bonsoir, Mathieu.

En parler à un psy, dites-vous. Peut-être. Mais ce que vous ressentez est tellement normal... Comment ne pas prendre de plein fouet une telle épreuve ?

Vous indiquez que c’était votre première rencontre avec la mort ; c’est effectivement un problème de plus en plus fréquent, et nous payons sans doute cher notre absence de culture de la mort. Mais l’agonie, l’agonie d’un être jeune, d’un être cher, c’est de toute manière terrifiant.

Mais que dire ? Vous avez tout compris déjà. D’abord que votre sœur paraissait paisible. C’est souvent le cas, Dieu merci, et un malade bien pris en charge meurt dans la paix ; il y a parfois des situations plus compliquées, mais s’il est nécessaire de l’apaiser nous savons le faire.

Ensuite que cela ne résout pas la question de ceux qui regardent. Neuf heures, c’est très long, et pourtant c’est une courte agonie. A quoi cela sert-il ? Ne pourrait-on pas écourter cette fin ?

C’est très difficile de vous répondre. Provisoirement il me semble que rien ne peut fonder en éthique l’idée de donner à Pierre un traitement dont il n’a pas besoin au motif que Paul serait mieux si Pierre le prenait. En d’autres termes, si réellement votre sœur était en paix, elle n’avait besoin de rien, et si elle n’avait besoin de rien il ne fallait rien faire. Et du coup il n’y avait pas de moyen de vous éviter ce supplice. J’ajoute que, d’une manière étrange, ce temps d’agonie est souvent (je dis : souvent, non toujours) un temps qui n’est pas vide de sens, on s’en aperçoit après. Du coup, entre la difficulté éthique et l’incertitude sur l’opportunité d’agir, le mieux est de ne rien faire.

Vous pouvez l’entrevoir dans cette étrangeté qui l’a fait partir dans un moment d’intimité avec son fils. D’un côté je crois qu’on se raconte beaucoup d’histoires dans ces situations, de l’autre nous en avons trop vu de semblables pour ne pas nous dire que le fait que les choses se sont passées ainsi fait sens, et il se peut que ces neuf heures aient été une mystérieuse préparation. Allez savoir.

Vous avez fait le choix de ne pas vouloir imposer une telle agonie à vos proches. C’est quelque chose que je comprends. Mais si je vous comprends bien il ne s’agit pas d’une demande d’euthanasie pour souffrances insupportables et inapaisables (je me demande bien au reste qui refuserait une euthanasie dans ces conditions, heureusement que nous avons les moyens d’éviter les souffrances insupportables) ; il s’agit de protéger votre entourage.

Mais... si votre entourage, le moment venu, préfère les vivre, ces neuf heures ?

Et de quelle tonalité se colore la discussion sur l’euthanasie quand intervient cet élément (que je comprends, encore une fois ; moi-même je n’ai aucune envie que ma fin de vie soit un calvaire pour ceux que j’aime) ? Combien de malades, pour des raisons multiples, se sentent de trop ?

Deux ans, cela commence à faire long pour un deuil, en effet. Vous pourriez essayer http://www.vivresondeuil.be/

Bien à vous,

M.C.

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