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En réponse à :

L’agonie

, par Michel

Bonsoir, Stéphanie.

Il y a plusieurs choses qu’il vous faut garder en mémoire dans ces moments difficiles.

D’abord que la situation est sans doute très compromise en effet. Vous ne me dites pas ce qui a conduit votre grand-père à l’hôpital, mais ce n’est pratiquement pas nécessaire : il s’agit d’une vieille personne de 90 ans, grabataire, dénutrie, et qui va vers sa fin.

Il dit qu’il veut mourir, et cela doit être entendu ; je veux dire que cette parole, sauf arguments contraires très puissants, s’impose à tout le monde, y compris aux professionnels. Avez-vous eu une discussion à ce sujet avec l’équipe ? Est-on assuré que la demande de votre grand-père a été recueillie et étudiée ? Quelle réponse a été donnée ? Les soins sont-ils limités à ce qui est strictement nécessaire à son confort ?

Ce n’est pas le pace-maker qui e maintient en vie. Le pace-maker ne fait qu’envoyer des impulsions électriques, mais pour être efficaces ces impulsions doivent arriver à un cœur qui a encore les moyens de se contracter. Et c’est le cas. Quand le cœur ne pourra plus se contracter, on pourra toujours lui envoyer toutes les impulsions qu’on voudra, cela n’aura aucun effet.

Oui, mais on a posé le pace-maker pour éviter (je résume) la mort subite dont il était menacé. On peut donc se demander s’il ne faudrait pas l’enlever, maintenant qu’une mort subite serait la meilleure chose qui pourrait arriver. Mais outre que vous ne trouverez personne pour le faire, la question éthique n’est pas si simple à résoudre.

Par contre il faut se demander si on fait bien de le perfuser, s’il faut faire un traitement antibiotique, etc. C’est aux médecins à vous répondre sur ce point, je n’y suis pas, je ne peux pas dire ce qui est utile et ce qui ne l’est pas. Tout comme il faut se demander si le désir de mort exprimé par votre grand-père va jusqu’au désir de ne plus assister à ce qui se passe, auquel cas on pourrait discuter de l’endormir (et je ne sais toujours pas ce qu’il convient de faire).

Mais si le désir de mort doit être entendu avec respect, vous notez très lucidement qu’il est fluctuant, et que certains jours il y a encore une vie de relation qui vaut la peine d’être vécue. Pour cette raison il faut trouver la voie étroite : le respect du désir ne signifie pas sa traduction en termes d’euthanasie : "je veux mourir’" n’est pas "tuez-moi".

Enfin, et surtout, votre sentiment est normal. C’est celui par lequel passent tous ceux qui vivent un drame comme le vôtre. Ne vous en sentez surtout pas coupable : ce n’est que le processus de deuil qui commence sous cette forme bizarre. Et cela donne pratiquement la réponse à votre question sur "combien de temps" ? Car quand l’entourage commence à se poser cette question, c’est le signe infaillible (ne me demandez pas comment cela se fait) que, précisément, cela ne va plus durer très longtemps.

Permettez-moi de rester près de vous.

M.C.

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