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En réponse à :

L’agonie

, par Michel

Bien à vous

Bonjour, Solange.

Le principal problème est effectivement que vous êtes loin. Et cela doit nous inciter à la prudence, car vous me demandez un avis à propos d’une malade que je n’ai pas vue, et alors que vous ne l’avez pas vue davantage. Autant dire que nous sommes à l’aveugle, et que nous allons parler sans savoir le moins du monde de quoi nous parlons.

Mais supposons que les choses soient telles que vous les décrivez. Il s’agit donc d’une dame âgée qui a fait un accident vasculaire cérébral grave : si au bout d’un mois elle a toujours des troubles de la conscience, il ne faut pas s’attendre à une grande récupération.

Notons qu’elle n’est pas en agonie : son état est grave mais stable, et il n’y a pas de signe d’un effondrement imminent.

Il faudrait dans un premier temps se demander ce qu’on veut :
- On peut vouloir maintenir la situation parce qu’on pense qu’elle peut s’améliorer. J’ai du mal à y croire, mais je n’ai bien entendu pas d’éléments suffisants.
- On peut vouloir maintenir la situation parce qu’on pense qu’éthiquement il n’est pas acceptable de faire autrement ; ou parce qu’on a détecté que, malgré les apparences, la malade est toujours dans la vie et capable de communiquer mieux que vous ne pensez.
- On peut considérer que cette existence n’est pas suffisamment conforme à ce que nous savons du désir de la malade, ou qu’elle n’offre pas de garanties suffisantes de confort.

C’est important, parce que si la situation est ce qu’elle est c’est parce que les professionnels qui sont en charge de votre grand’mère mènent des actions positives pour qu’elle vive. On ne peut donc rien dire tant qu’on ne connaît pas leurs raisons.

Et du coup il n’y a aucun moyen de prévoir ce qui va se passer, encore moins quand. Alors ? Aller la voir ? Sans doute, mais cela ne vous permettra que d’évaluer la situation actuelle, de discuter avec votre mère, et de voir les médecins. Rien ne vous permettra de dire combien de temps les choses vont durer, d’autant que c’est une malade qui se trouve exposée à des complications brutales et imprévisibles. Attendre l’agonie ? Oui, à condition qu’il y ait une agonie ; à condition qu’elle puisse être anticipée, et le fait qu’on intervienne, notamment par l’alimentation artificielle, vient troubler (à juste titre ou non, je n’en sais rien) le cours ordinaire des choses.

Il est donc bien difficile de vous conseiller. Les choses peuvent durer, elles peuvent s’arrêter brutalement, elles peuvent fléchir plus ou moins rapidement mais d’une manière qui vous permettra de réagir à temps. Si vous attendez la phase d’agonie vous risquez de ne pas arriver à temps. Mais si vous ne l’attendez pas vous avez toute chance de vous déplacer inutilement (enfin, je ne crois pas que ce soit inutile, mais c’est une autre question). Vous attend-elle pour partir ? Cela se peut, et c’est une raison d’aller la voir.

Quant à savoir si elle a conscience de son environnement, elle est encore plus difficile car, précisément, elle n’est pas en train de mourir. Son niveau de conscience est celui d’un coma dont la profondeur s’évalue. On ne peut donc rien en dire.

Finalement je crois que la seule option serait effectivement d’aller la voir, en gardant en tête que cela vous permettra de faire un point plus exact de la situation, mais que cela laissera entière la question de votre éventuelle présence quand ce sera la fin.

Bien à vous,

M.C.

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