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En réponse à :

Bravo pour votre article !

, par Michel

Bonsoir, et merci à vous de ce commentaire.

J’ai presque envie de ne pas y répondre, tant il me semble important de le laisser tel quel. En particulier vous avez totalement raison de parler de votre chien, car je crois que les processus sont fondamentalement les mêmes, et c’est ce qui rend passionnant votre récit.

Toutefois, il me faut préciser un point très important, dont je crois que vous l’avez perdu de vue.

Il faut réserver le terme d’agonie à une phase très particulière, et très courte, de la fin de vie. Vous écrivez : il agonisait depuis 10 jours ; je vois bien de quoi vous voulez parler : il s’agit de cette phase de la fin de vie où on sait que la messe est dite, et où le malade en est à ne plus pouvoir quitter son lit, avec pour seul horizon la mort qui vient, là, dans les prochains jours. Mais l’agonie, ce n’est pas ça. C’est la toute fin, et c’est beaucoup plus bref : je n’en ai jamais vu durer plus de quarante-huit heures. Il y a là une grande source de malentendus, car on a tendance à étendre le champ de l’agonie alors qu’il ne faut pas.

C’est pourquoi je dis que la souffrance de l’agonisant a toute chance d’être très limitée : car l’agonie au sens où il faut l’entendre s’accompagne toujours rapidement d’une altération de l’état de conscience. C’est ce qui explique ce que je dis du râle agonique : si le malade est conscient, il va tout simplement avaler la sécrétion qui le gêne ; s’il ne le fait pas c’est qu’il en a perdu la conscience.

Dans le cas de votre chien, il faut donc reprendre l’histoire, et faire la différence entre la période pendant laquelle, malade, il a pu souffrir si sa souffrance avait été méconnue, et la toute fin où cette souffrance est beaucoup plus douteuse.

Il y a d’autre part une énorme différence entre l’humain et l’animal, c’est que l’humain a beaucoup plus de moyens de se plaindre. On peut donc être très perplexe quand il s’agit de détecter la souffrance d’un animal, on a moins de raisons de l’être avec un humain. Et il n’est pas contradictoire de dire que le malade est le plus souvent conscient de sa fin et qu’il est relativement paisible dans son agonie ; non seulement parce que le mourant accepte sa mort beaucoup plus souvent (pas toujours !) qu’on ne pense, mais aussi parce que, entrant en agonie, il lâche la rampe de la conscience. N’importe : ce que j’ai appris, c’est que la mort se passe bien mieux qu’on ne l’imagine. Et ma carrière terminée j’ai tendance à dire que la mort est une collègue de travail, certes un peu revêche, mais qui en général fait plutôt bien son travail, surtout quand on ne s’avise pas de s’en mêler n’importe comment.

Bien à vous,

M.C.

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