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En réponse à :

La mort et la beauté II

, par Chloé

Bonjour M. Cavey,

Je souhaitais réagir à cette idée amenée dans le commentaire sur le fait que les patients en fin de vie avaient peut- être besoin que leurs proches les autorisent à partir... Cette idée est parfois émise par des soignants et je pense qu’il conviendrait que les soignants soient prudents dans leur parole... Même si eux aussi tentent sûrement de mettre du sens à l’inexplicable...
Je me permets ce commentaire car j’ai accompagné mon père il y a un peu plus d’un an durant ses 4 derniers mois. Les médecins nous avaient annoncé sa mort probable dans les 15 jours suivants car ils craignaient une hémorragie cataclysmique (cancer ORL), et il a été orienté en soins palliatifs, il n’y eut pas d’hémorragie. Dans un moment de confusion il s’était arraché sa gastrostomie, une nouvelle pose n’étant pas possible et mon père ayant refusé une alimentation par le nez, l’alimentation a été totalement arrêtée... Il est mort deux mois et demi plus tard, alors qu’il était déjà très maigre.... Je ne sais pas où il a trouvé cette force de rester en vie, encore.... L’équipe médicale s’en étonnait et nous faisait parfois part de ses hypothèses, "c’est grâce à vous", "certains patients ont besoin d’entendre que vous (ma mère, mon frère et moi) êtes prêts à le voir partir", même si ça se veut soutenant ce type de propos peuvent être aussi culpabilisants en fait....
Et puis un jour, mon père nous a dit qu’il sentait que ça allait être la fin, que la maladie avait gagné, il est parti 15 jours après. Les derniers jours ont consisté à se relayer à son chevet, lui tenir la main qu’il nous serrait, il y eut des moments extrêmement violents où il s’est réveillé en sursaut semblant paniqué, s’accrochant à nous et nous tentions de le rassurer, ça peut paraître un peu absurde mais je lui disais : ça va aller, on est là, on reste près de toi. Les médecins ont finalement augmenter morphine et hypnovel. Ses réveils ont été moins violents, mais il continuait de nous serrer la main, et je continuais de glisser la mienne dans la sienne, et profitais de ces moments de brèves consciences où il parvenait encore à me serrer la main... Comment a-t’il vécu ces moments ? Je n’en sais rien, cette question m’a beaucoup taraudée, et si il avait mieux valu que cela s’arrête plus tôt pour lui ? Tout ce que je sais c’est qu’ils me sont chers ces derniers moments : douloureux mais tellement précieux...
Je ne sais pas trop pourquoi j’écris aujourd’hui, curieusement je continue de venir faire des visites sur ce site et curieusement j’écris à la suite d’un texte qui se nomme "la mort et la beauté"... Je souhaitais peut-être dire qu’il peut se passer des moments d’exception dans un service de soins palliatifs, que nous avons eu de la chance de rencontrer une équipe et une médecin particulièrement attentive, et bienveillante et d’une grande sérénité vis à vis de la mort ce qui fut extrêmement rassurant.

Je souhaitais aussi vous remercier M. Cavey pour ce que vous écrivez, ça fait beaucoup de bien...

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