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En réponse à :

La perfusion sous-cutanée

, par Michel

Bonsoir, Dominique.

Pas commode, car on est dans l’indécidable. On voit bien qu’il ne peut y avoir de solution toute faite, et que c’est une affaire d’humains qui mettent toute leur humanité au service d’humains ; c’est ce qui rend les simplismes de l’ADMD aussi insupportables.

Il faut être précis sur la morphine. S’il s’agit d’un faible dosage de patch, il est probable que l’effet sédatif sera minime. La morphine c’est pour la douleur ; si on veut sédater il y a des sédatifs, si on veut désangoisser il y a des tranquillisants.

Après il y a les choix. Si le traitement que je mets a pour effet d’altérer la conscience, il faut que j’aie des raisons précises. L’angoisse de la malade est pour moi une raison suffisante si elle est au point de poser problème. Mais vous seuls pourrez décider si le positif de la relation maintenue l’emporte toujours sur son inconfort. Et il viendra un moment où vous déciderez pour la malade. Ne le craignez pas : c’est cela aimer.

Doit on laisser souffrir un être cher, pour ne pas le perdre, sachant l’issue inéluctable ? Non. Certainement pas. Enfin, je suppose que l’être cher ne dit rien de la situation, sinon il faut écouter ce qu’il dit. Ce n’est pas la vie que nous lui devons, c’est une vie de qualité. Attention : mourir n’est jamais un bon moment. C’est là qu’il faut évaluer, comme on peut (c’est-à dire non seulement avec votre cœur et le cerveau des professionnels, mais aussi avec votre cerveau et le cœur des professionnels), s’il est bon pour la malade d’être présente à ce qui est en train de se passer. Si donc il vient un moment où il vous semble que décidément l’angoisse de la malade est trop forte (et en veillant à ne pas confondre son angoisse et votre angoisse), alors il faut calmer l’angoisse.

En aidant l’être cher a ne plus souffrir, je risque de le perdre plus vite... Cela se peut, en effet. Mais s’il est trop inconfortable et que la seule manière d’améliorer son confort est d’utiliser un traitement qui risque d’écourter sa vie, alors il n’y a pas à hésiter.

Quant à savoir si elle vous entendra, on ne peut pas le savoir. Mais les professionnels consciencieux, quand ils font une sédation, la dosent de manière à altérer la conscience le moins possible. Vous devrez donc partir du principe que votre proche entendra.

Je reste à votre écoute, bien sûr. Mais je crois que vous avez affaire à une très bonne équipe ; n’hésitez pas à lui faire pleine confiance.

Bien à vous,

M.C.

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