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En réponse à :

La perfusion sous-cutanée

, par Michel

Bonjour, SBS.

Et... si je vous dis que je pense la même chose que vous ?

Nous avons affaire à une dame qui n’a plus d’appétit. Bon. Elle n’a pas l’air d’en souffrir. Elle est capable d’apprécier une pâtisserie, elle est stimulée par une présence aimante au moment de son repas.

Elle est à la fois dans un état de régression vers des périodes anciennes des sa vie (voyez la notion de « plongeon rétrograde » à http://www.michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article19) et cependant consciente d’être à la fin de sa vie ; ce télescopage de positions est classique chez les déments. Mais si elle envisage la perspective de sa mort elle ne l’attend pas particulièrement.

Mais alors, que faut-il faire ?

C’est une très vieille personne, qui ne manifeste pas de soif intense de vivre. Cela fait deux raisons de limiter les ambitions.

Il faut tout de même se demander s’il y a une raison simple pour laquelle elle n’a pas d’appétit. Je suppose que les médecins l’ont fait et n’ont rien trouvé ; c’est la situation la plus fréquente. Je suppose qu’ils n’ont pas oublié de nettoyer l’ordonnance. Bref je suppose que tous les pièges idiots ont été déjoués. Bien entendu on ne cherchera pas un cancer, ou une autre maladie à laquelle de toute manière on n’aurait rien à opposer.

Il ne faut pas se poser la question de la dénutrition, parce qu’on ne pourrait que la laisser faire. En théorie ses besoins caloriques ne sont guère inférieurs aux vôtres : n’oubliez pas que pour l’essentiel les calories que vous ingérez servent à faire battre votre cœur, régler votre température, assurer la digestion, renouveler vos cellules, etc. Très peu est utilisé pour votre activité physique. Autant dire que le combat contre la dénutrition serait perdu d’avance ; et que les compléments alimentaires sont une goutte d’eau dans la mer.

Après, on observe de manière non rare des survies très prolongées, défiant toutes les prévisions et toutes les théories. Mais cela ne retire rien à l’essentiel : il ne faut rien faire parce que rien ne peut être efficace.

Faut-il la réhydrater ?

On ne pourrait le dire qu’en la voyant. Mais c’est une mesure simple, à laquelle elle ne s’oppose pas, et qui est prise chez une malade qui ne semble pas en grande souffrance. Dans ces conditions il est aussi raisonnable de la réhydrater que de ne pas le faire. J’aurais alors tendance à dire que dans cette situation de 50/50 il est nécessaire de voter pour la vie et donc de maintenir l’hydratation.

Reste à le décider. Et je vais vous rappeler les règles.

Le médecin doit se donner l’obligation de consulter tous les membres de la famille (ce qui est tout sauf simple, mais passons).

Parmi ses interlocuteurs il y a la personne de confiance. Mais la personne de confiance n’est en aucun cas le porte-parole de la famille ; son rôle est de dire ce qu’il croit que la personne voudrait.

Le médecin reçoit toutes ces opinions et recommandations. Il en tient le plus grand compte. Mais c’est lui qui décide. Lui et personne d’autre. Et s’il décide contre l’avis des enfants, les enfants n’ont rien à dire ; tout ce qu’ils peuvent faire c’est porter l’affaire devant la justice. Mais le rôle de la justice ne sera pas de dicter au médecin son ordonnance ; il se bornera à vérifier que les règles de droit ont été respectées.

C’est très important, car cela permet de répondre simplement à vos questions :

- Comment réagir si tous les frères et sœurs demandent à ce qu’elle ne soit plus ni réhydratée, ni même soignée (arythmie cardiaque) ? En disant ce que vous pensez.

- Quelle volonté devons-nous respecter ? Aucune : c’est le médecin qui décide, c’est lui qui respecte ou non la volonté du patient.

- Ce que disait ma belle-mère avant de perdre complètement la tête (à condition de croire ma belle-sœur) vs ce qu’elle dit à mon époux ? Je vais vous choquer : cela n’a aucune importance. Ce qui compte c’est de prendre une décision droite. Je veux dire que de toute façon il y aura un doute, et que rien ne pourra le lever. Ce que vous devez à votre belle-mère, ce que le médecin lui doit, c’est d’agir en toute sincérité et avec le seul désir de faire ce qui est bien. Évidemment, il y a une bonne réponse et une mauvaise, et il serait mieux de choisir la bonne. Mais il n’y a pas d’autre issue que d’assumer le doute.

Bien à vous,

M.C.

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