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En réponse à :

Cancéreux de la prostate avec métastases au niveau la région abdomino-pelvienne.

, par Michel

Bonjour, Benadallah.

La situation que vous décrivez confirme malheureusement mon idée première : il s’agit d’un malade gravement atteint, plus gravement même que je ne le supposais, à cause des multiples pathologies qu’il cumule.

Dans ces conditions, je crois qu’il vous faut vous poser une question terrible. Que voulez-vous pour lui ? Et que veut-il ? Je souligne ce dernier point car on aurait grand tort de se figurer que les malades Alzheimer, même à un stade très évolué, ne sont pas en mesure de faire des choix quand il s’agit des choses essentielles de la vie et de la mort. Et je prendrais bien le pari (je ne le ferai pas, car comment parler d’un malade qu’on n’a pas vu ?) que s’il ne mange plus c’est parce qu’il a décidé qu’il ne voulait plus.

Je crois que nous sommes amenés à parler de ce qu’est le respect de la vie. Et je vais me mêler de ce qui ne me regarde pas, j’espère que vous me le pardonnerez.

Quand nous disons que l’homme n’est pas maître de sa propre vie, nous disons que cela vaut dans les deux sens. L’homme n’est pas autorisé à faire quelque chose pour raccourcir sa vie, certes. Mais il n’est pas non plus autorisé à faire n’importe quoi pour échapper à la mort qui vient. Je trouve dans le Coran l’idée que la vie appartient à Dieu, j’y trouve l’idée qu’on ne peut pas décider soi-même d’y mettre un terme, je n’ai pas su y trouver l’idée qu’il fallait tout faire, même l’absurde, pour la préserver. En d’autres termes je ne crois pas que le Coran exige l’acharnement thérapeutique.

Or si nous décidons que votre père doit vivre à n’importe quel prix, nous manifestons notre désir de nous opposer à l’évolution naturelle des choses. Et l’évolution naturelle des choses est que, laissé aux seules forces de la nature, votre père va voir sa vie se terminer. On ne peut échapper à ce destin qu’en manifestant l’idée que nous voulons que cet homme vive, quelle que soit la qualité de ce qu’il vit. Et ceci alors qu’il n’y a aucun espoir sérieux que sa situation de fond s’améliore. Bien au contraire : un cancer de la prostate évolué (si les métastases osseuses y sont banales, des métastases sur d’autres organes sont beaucoup plus rares) laisse présager une fin de vie difficile, qu’on ne pourrait rendre supportable qu’au prix de traitements difficiles à manier, et impliquant une altération de la conscience.

Bref, si on ne dit que le moment est venu de ne pas insister et de laisser faire ce qui est en train de se passer, et qui ne dépend pas de notre volonté, je suis prêt à le croire. C’est donc simple sagesse que d’y consentir.

Mais tout cela ne vaut que moyennant une étude précise de la situation, et je vous rappelle encore que sur cette situation je ne connais que bien peu de chose. En particulier il faut prouver que son anorexie n’est pas liée à des causes simples ; la liste est longue mais tous les gériatres sont censés la connaître.

Bien à vous,

M.C.

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