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En réponse à :

La détresse des hôpitaux français

, par Michel

Bonsoir, Dom.

Vous ne comprenez pas parce que vous pensez que les deux choses sont incompatibles. Or c’est parce que votre position est trop tranchée que nous sommes en désaccord.

Par exemple je ne crois pas une seconde que les actes de prévention soient inutiles. Certains le sont, j’en ai cité quelques-uns. D’autres sont plus compliqués à évaluer : par exemple je ne fais jamais de glycémie, mais il me semble que le bon sens commanderait d’être un peu moins négligent. Ou pour reprendre votre exemple du fond d’œil annuel, je n’ai jamais lu de préconisation en ce sens, mais je sais que si, effectivement, les fonds d’œil n’ont jamais empêché l’apparition d’un glaucome, ils ont permis de les découvrir très tôt, ce qui a des conséquences majeures en termes de pronostic.

Mais, surtout, ce que j’ai écrit c’est qu’il est inadéquat d’opposer la valeur opératoire d’un acte et sa valeur symbolique. Tous les actes ont une valeur symbolique, c’est ce que j vous ai dit à propos de la construction des maisons. René Girard, que je ne porte pas spécialement aux nues, montre très bien la portée symbolique des actes ; je le soupçonne de ne voir que ça : dans son développement sur la chasse il s’appesantit sur les mécanismes symboliques qui la régissent, pour peu on en oublierait que les hommes chassaient aussi pour bouffer. Passons : s’agissant des démarches de prévention elles ont une puissance symbolique et une efficacité pratique. Du coup quand je réfléchis dessus, je dois trier les actes qui ont un réel intérêt en termes de santé publique et ceux qui n’en ont pas. Mais leur valeur symbolique n’est pas nulle, et là les choses deviennent très compliquées, car la symbolique a ses raisons, que la raison ne connaît point. Les exemples ne manquent pas.

Je ne peux pas reprendre ici l’analyse complète de la notion de symbole ; vous trouverez quelques éléments à http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article7. Je dirais cependant, faisant très court, que la question : symbolique de quoi ? n’a pas vraiment de sens ; un symbole n’est pas de soi symbole de quelque chose. Cela dit je vous accorde sans difficulté qu’il y a bien assez d’actes de prévention, ou pour mieux dire de dépistage, utiles pour qu’on n’en conserve pas qui ne servent à rien. Avec cependant des réserves :
- Il y a des actes symboliques incontournables : le cœur est un organe particulier, qui nécessite des égards particuliers, et des gaspillages particuliers. Je veux bien la liste des vies sauvées par les défibrillateurs automatiques qu’on voit fleurir dans toutes les cambrousses.
- Les actes symboliques ont valeur thérapeutique. Quand je dis que je ne veux pas m’intéresser à l’ostéoporose des octogénaires je dis par là qu’ils seront morts avant que e traitement ait un éventuel effet. Je suis tout à fait favorable à l’idée de faire des économies drastiques sur l’utilisation de technologies sophistiquées au profit d’activités socio-culturelles gratifiantes et réellement réconfortantes, j’espère que vous l’aviez compris. Mais au plan symbolique ce que je dis à la vieille personne : « À l’âge que vous avez on va peut-être arrêter de rêver sur votre santé, non ? ». Je ne dirais pas ça tout de suite à tout le monde, je préfère gaspiller un peu. Mais tout est question de dosage…

Bien à vous,

M.C.

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