Poster un message

En réponse à :

PLAIDOYER POUR LES EHPAD - ACTUALITES CORONAVIRUS

, par isabelle Marina

Bonjour,

Je cherchais sur votre blog des réflexions sur l’interdiction des visites durant le confinement en EHPAD.
J’étais Auxiliaire de Vie d’une femme, Vivienne*, 94ans, fortunée, qui, étant bien suivie médicalement sur le plan cardiaque, pouvait, moyennant un accompagnement adapté et une adaptation raisonnable du domicile, rester chez elle.
Nous étions 3 à nous succéder à partir du mois de juillet lorsque les premières incontinences ont rendu obligatoire une toilette et un change matin et soir. Les trois fils de Vivienne étaient loin de Paris. Une dégradation des capacités cognitives évoluaient doucement depuis deux ans. Elle avait été signalée à la famille qui n’avait pas souhaité déranger la vieille dame et, encore moins, peut-être, se déranger eux-même à aire des examens. A partir de septembre 2019, la mise en place de l’APA avec un classement GIR 2 a poussé le médecin traitant à faire une ordonnance de toilette, ce qu’il refusait de faire jusques là. J’ignore pourquoi. La famille a appris alors qu’une structure type SSIAD maintenant SPASSAD ferait des toilettes grauites. Nous avons été virées du jour au lendemain. Mais, la structure n’étant pas disponible pour les soirs, et m’étant renseigné sur le code du travail, je me suis réintégrée dans mes horaires de 2018. Vivienne était donc aidée 4 matin sur 7 et 7 soirs sur 7. Ce Spassad mis en place travaille avec énormément de CDD qui se renouvelle à un rythme d’enfer. Ils ne savent jamais quelles Aides soignantes vont se présenter au travail. Il y a donc un turn over impressionnant d’environ une quinzaine de personnes différentes qui, interviennent. Depuis l’automne, les adaptations régulières du domicile ont cessé et Vivienne, qui n’était pas tombée durant l’été, a commencé à chuter. Elle est tombée en s’efforçant de s’habiller seule tôt le matin puisque les AS arrivaient entre 11h et 11h30 pour le change et la toilette. Peu à peu, je l’ai vue s’épuiser. Mes inquiétudes n’ont jamais été entendues.

Une dégradation non identifiée dont elle se relevait quelques jours puis rechutait, les appels fréquents et affolants des AS de l’APSSAD à la famille, ont décidé cette dernière à demander une entrée en EHPAD en urgence. Le mardi 10 mars, la vieille dame assommée qui avait appris la veille le départ de son appartement, était placée. Le lendemain, mercredi 11 mars, le plan bleu annoncé depuis des jours entrait en action et les visites étaient interdites. Il y a toutes les chances que, devant une situation de perte de repères si brutale, devant la souffrance imposée, Vivienne n’ait la sagesse de passer d’une démence débutante et légère à une vraie déconnexion de cette réalité si dure à supporter.

Ma question est la suivante : je comprends la protection nécessaire des personnes vulnérables en EHPAD. Mais, les soignants sortent, leurs enfants vont être pris en charge collectivement ce qui augmentent les risques de contagion. Leurs protections se résument à blouse plus gants plus masques.
C’est certainement plus simple d’interdire toutes les visites pour un directeur d’EHPAD. Mais, qu’en pensent les résidents et les aides soignantes ? Lorsque j’apporte à Vivienne des pâtisseries et des petits mots sur des cartes postales qui lui sont lues (ou pas) lorsque le temps le permet, les AS que je croise à la porte me disent que les résidents s’agitent et leur demandent plus de travail. Ce serait un soulagement que les visites reviennent.

Les familles qui visitent, moi-même, sommes prêts à investir dans un équipement de protection. Les téléphones et conversation via le numérique ne peuvent remplacer un contact pour les personnes qui ont des troubles cognitifs.

Qu’en pensez-vous ?

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici
  • Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.