Poster un message

En réponse à :

Parole d’une aidante

, par Michel

Bonjour, Sophie.

J’interviens dans votre discussion, même si elle ne m’appartient pas vraiment ; d’un autre côté je commence à avoir une (petite) expérience personnelle du rôle d’aidant, même si j’ai conscience d’être miraculeusement épargné, puisque ceux de mes proches qui ont été victimes d’une démence n’ont pas vécu de réelles horreurs.

Un mot sur l’urgentiste. Il est vraisemblable/possible/probable qu’il a parlé inconsidérément. Mais je note que dans ma pratique, après avoir scrupuleusement (?) écouté les proches du malade dément je prenais le plus grand soin de m’adresser à lui comme s’il n’avait pas de trouble cognitif ; je le jugeais nécessaire pour le mettre en confiance. Je ne dis pas cela pour le disculper, je n’en sais rien ; je dis seulement que c’est possible.

Sur le sujet de l’euthanasie, cela me semble très compliqué. Je comprends sans peine ce que vous ressentez ; mais il y a des choses que je tiens ferme, même si ce sont des choses dures à écrire et à lire. Pour le dire très (trop) rapidement :
- La problématique de l’euthanasie ne se poserait que dans le cas de souffrances insupportables. Or les techniques de sédation (qui sont des anesthésies générales) permettent de résoudre ces situations.
- Tous les autres cas relèvent du suicide assisté, qui est une autre question, dont on peut débattre, mais sur laquelle je vois bien difficile de légiférer ; d’ailleurs je n’ai jamais lu de proposition de loi qui ne soit pas totalement inepte ou inapplicable.
- La souffrance d’assister à la fin d’existence d’un être cher devenu dément est terrible ; j’y ai assisté, et même si j’ai conscience d’avoir été relativement épargné, j’ai connu personnellement. Mais cette souffrance ne peut être apaisée par l’euthanasie de cet être cher : la seule chose à considérer est sa souffrance à lui. Or, de ce point de vue, que pouvons-nous dire ? Rien de suffisamment convaincant : nous ne pouvons savoir ni s’il souffre, ni s’il est conscient de son déclin, ni s’il dirait sur sa fin de vie ce qu’il en disait voici quelques années… Nous sommes à la devine, et nous n’avons pour nous guider que la pureté de notre cœur. Cela ne nous permet pas de procéder à un geste aussi grave qu’une euthanasie ; et du coup nous n’avons pas de solution. Il y a des problèmes qui n’ont pas de solution.

La seule chose qu’on peut faire, c’est décider une limitation des soins, ce qui est un autre débat : je n’ai pas le droit de poser un acte positif pour qu’il cesse de vivre, mais je n’ai pas à poser des actes positifs pour qu’il vive ; j’ai donc le droit, et peut-être le devoir, de refuser qu’on l’opère, qu’on l’explore, etc. Ce n’est pas rien.

Bien à vous,

M.C.

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici
  • Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.