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En réponse à :

La tutelle des personnes âgées

, par Michel

Bonjour, et merci de cette réponse.

Je crois que nous sommes effectivement dans une impasse conceptuelle : je le redis, il n’est pas possible de trouver un bon compromis entre ce qui est nécessaire pour protéger toutes les personnes qui doivent l’être et ce qui va commencer à trop limiter la liberté des personnes.

Si vous y réfléchissez, c’est tout le problème de la démocratie.

La démocratie est un système dans lequel les humains s’en remettent à un texte, opposable à tous, du soin de résoudre leurs difficultés de relation. Cela a une double conséquence :
- On ne peut régler par ce moyen que des problèmes fréquents et standardisés. Et plus le cas qu’on traite s’éloigne du cas standard et moins la solution prévue par le texte est applicable. C’est pourquoi il est légitime de dire que la loi, non seulement n’a pas vocation à être juste (elle a à être efficace, ce qui suppose qu’elle soit acceptable, donc suffisamment juste, mais ce n’est pas son but premier), mais hors des cas moyens elle crée l’injustice.
- Il y a quelque chose de désolant à remarquer que les humains sont mieux régis par un morceau de papier que par leur cerveau.

On voit dès lors que la meilleure solution, la plus juste, la plus humaine, est de faire du cas par cas ; ce qui exclut la loi : la loi est totalement inopérante dès qu’il s’agit de traiter de cas particuliers. Mais la seule forme de gouvernement qui traite au cas par cas, c’est le despotisme. Et si nous sommes démocrates, c’est simplement parce que nous savons que le despotisme, qui est incontestablement le système le plus humain, ne fonctionne que si le prince est sage, et que c’est rarement le cas.

Bref nous sommes des démocrates, et il nous faut en assumer les conséquences.

Les médecins ne pourront intervenir que s’il est possible de démontrer un affaiblissement intellectuel ou physique. Et les conditions sont très restrictives. Autrement dit le médecin aura la parole s’il établit qu’il y a une maladie. L’abus de faiblesse, c’est du pénal, c’est autre chose. En ce qui vous concerne on se trouve à la frontière, cela ne va pas de soi. Et tout comme les juristes dans leur domaine, ils ont des critères, et les critères sont comme les lois : ce sont des compromis entre ce qui permettrait de détecter tous les cas (mais alors il se produirait inévitablement qu’on détecte des cas qui n’existent pas) et ce qui permettrait de ne détecter que les cas (et il se produirait inévitablement qu’on passe à côté de cas réels).

Et il faut se méfier du pavé de l’ours.

J’ai connu un homme qui était hospitalisé dans un état épouvantable. Bon. Je le tire d’affaire et je vois arriver un couple bizarre qui venait aux nouvelles en me disant qu’ils le trouvaient vraiment très mal et qu’ils sentaient bien qu’il allait bientôt mourir ; peut-être même qu’une euthanasie… Bon, je fias court. Je me suis aperçu que la femme de ce couple était l’ancien amour de jeunesse de mon malade, qu’à l’époque le père avait refusé sa main. La fille s’était mariée, lui était resté vieux gars ; les années ayant passé, tout ce petit monde s’était retrouvé et avait refraternisé. Et j’ai compris que le malade avait vendu au couple sa maison en viager, viager qui bien entendu n’avait jamais été payé, que le couple vivait sur la retraite du malade, profitait de sa voiture, etc. Mon sang n’a fait qu’un tour, j’a appelé le Procureur, dont le sang n’a fait qu’un tour, le couple s’est retrouvé en prison, et mon malade a été rétabli dans l’intégralité de ses droits.

Et il est mort. C’était son amour de jeunesse.

Bien à vous,

M.C.

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