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En réponse à :

La tutelle des personnes âgées

, par Michel

Bonjour, Brigitte.

Je vois le problème auquel vous êtes confrontée. C’est qu’il n’est pas facile de comprendre ce qu’est la démence.

Je crois que le mieux est de partir du principe qu’il ne s’agit pas d’une maladie de l’intelligence. Le raccourci le plus éclairant est de considérer que tout se passe comme dans un ordinateur qui perd peu à peu tous les fichiers que vous avez mis dedans : s’il perd tout ce que vous avez écrit, il ne perd pas ses logiciels. Certes l’atteinte de la mémoire finit toujours par retentir sur la performance intellectuelle, mais pendant longtemps ce n’est pas le cas. Le malade reste très longtemps capable de penser, du moment que les circonstances lui laissent le temps de s’organiser intellectuellement. C’est quand il est pris au dépourvu, quand il se trouve dans l’urgence, qu’on voit qu’il n’a plus les moyens. Il vous est sans doute arrivé au moins une fois de garer votre voiture et de vous apercevoir un peu après que vous ’avez pas pensé à mémoriser l’endroit où vous l’aviez mise.

Or ce sont dans ces situations de crise,quand il faut improviser une solution, que se trouvent les situations de danger.

Le meilleur exemple est l’humour : les déments sont capables de fabriquer des traits d’humour extraordinaires, parce que ce sont eux qui les organisent. Par contre ils détestent qu’on en fasse sur eux car (c’est le propre de tout bon trait d’humour), ils se trouvent pris de court.

Ainsi votre mère est parfaitement capable d’envisager une entrée en maison de retraite, du moment que c’est elle qui a l’initiative de cette réflexion. Convenez que c’est très déroutant, et que pour des proches en difficulté avec l’idée que leur mère perd la tête, le déni est somme toute quelque chose de naturel.

Sur la question du GPS, je ne sais pas. Le problème se pose en termes de risque calculé. On estime que chaque année 40 déments sont gravement en danger, voire meurent, parce qu’ils se sont perdus. C’est très peu rapporté au nombre de malades qui vivent chez eux sans grande surveillance (et bien souvent sans diagnostic) ; et c’est à comparer aux dégâts que l’on commet en les confinant chez eux. S’il y a un bon entourage, la prise de risque me semble légitime. A condition d’en assumer les conséquences et de se cramponner à l’idée que s’il arrive quelque chose, au moins elle aura vécu heureuse.

Pour le changement de tuteur, vous avez pris une bonne décision. Il est vrai que cela change votre rôle, mais si la tutrice a deux sous de bon sens elle ne manquera pas de vous associer à la prise en charge.

Je vous souhaite beaucoup de courage.

Bien à vous,

M.C.

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