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En réponse à :

Prise en charge des fausses routes en gériatrie

, par Michel

Bonjour, Didier.

J’ai envie de vous répondre en trois points.

1°) : Vous m’avez lu, vous connaissez donc ma position : je trouve qu’on accorde trop d’importance aux fausses routes, et qu’on se précipite un peu trop vite sur les textures modifiées. Je crois de plus que dans le cas général l’intérêt de ces textures reste à démontrer. Bref en théorie je suis prêt à vous suivre, d’autant que, comme vous le soulignez, le rapport bénéfice/risque pourrait bien être défavorable chez une très vieille personne qui a besoin de plaisirs, et chez qui le risque essentiel est la dénutrition.

2°) : Mais ça, c’est la théorie. Dans les faits je n’ai aucun moyen de dire si la décision a été prise, comme c’est très souvent le cas, de manière un peu réflexe, ou s’il y a des raisons. Et les raisons, cela dépend du diagnostic. Il y a des malades qui se mettent à faire des fausses routes et dont on sait qu’elles sont liées à une pathologie qui va en provoquer d’autres, et beaucoup. Les fausses routes, cela s’examine, se mesure, se comprend. Je me garderais donc bien de critiquer une décision prise envers une patiente que je n’ai pas vue.

3°) : Après, il y a la loi.
- Si votre mère n’est pas sous tutelle, vous n’avez (et c’est heureux) pas voix au chapitre. Ce que la loi demande au médecin c’est de s’entourer du plus grand nombre d’avis possible, et à ce titre de consulter notamment la famille, mais c’est lui qui décide.
- Par contre la loi du 4 mars 2002 est formelle : aucune décision de soin ne peut être prise si le malade s’y oppose.
- Reste à faire respecter la loi. C’est une autre affaire, car cela suppose d’entrer en conflit ouvert. C’est terriblement difficile et violent. Quelque chose me dit cependant que si les choses sont ce qu’elles sont c’est précisément parce qu’il n’arrive jamais qu’un professionnel se voie conduit au tribunal pour infraction à la loi du 4 mars 2002. Il n’y risque rien, que le désagrément, et cela commencerait à créer de la jurisprudence. C’est tout de même lourd pour une très vieille dame.

Il vous faut donc renoncer à obtenir quelque chose de clair. Et garder à l’esprit trois points cruciaux :
- Rien ne peut être dit sur cette situation tant que vous n’avez pas discuté avec le médecin. Je vous le redis, il peut avoir pour décider cela de solides raisons que vous ne connaissez pas.
- Le plus souvent la décision n’est pas celle du médecin. Ce qui se passe c’est que les soignants ont, eux, une peur panique des fausses routes, et il faut les comprendre : si l’aide-soignante qui assiste votre mère pour son alimentation devait assumer une fausse route mortelle au moment où elle la fait manger, elle ne s’en remettrait pas. La pression de l’équipe sur le médecin est terrible, et il ne faut pas oublier que ce qui soigne votre mère, c’est une équipe : le bien de votre mère passe par la cohésion de cette équipe.
- Par contre il y a une chose qu’on néglige souvent : j’ai, voici longtemps, un peu travaillé ces questions, et j’ai vu des cuisiniers fabriquer des mixés qui, du pont de vue gastronomique, étaient de véritables œuvres d’art.

Pesez bien le pour et le contre : ces choses-là ne sont simples que sur le papier…

Bien à vous,

M.C.

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