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En réponse à :

La toilette

, par Michel

Bonjour, Johanne, et merci de ces encouragements. Je sais que je dois écrire de nouveaux textes, mais la retraite et le statut de grand-père sont des calamités pour les emplois du temps.

Un mot sur la leucoaraïose. J’ai sûrement tort, mais je n’y attache aucune importance.

Il s’agit d’une image radiologique permettant de penser qu’il existe une dégénérescence de la substance blanche. Les causes les plus fréquemment envisagées sont vasculaires.

Et alors ?

Je vous recommande la lecture de la notice Wikipédia : c’est l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire.

Car les démences vasculaires sont, comme leur nom l’indique, liées à des lésions des vaisseaux. Le moins qu’on puisse attendre est donc que, dans les cas de démence vasculaire, l’imagerie montre des zones de leucoaraïose. Mais l’inverse n’est nullement vrai, et ce n’est pas parce que tel malade a des images de leucoaraïiose qu’il a une démence vasculaire, ou qu’il va en avoir une.

Il n’y a aucune corrélation entre l’intensité des lésions et l’état cognitif. Par exemple dans la démence de type Alzheimer les autopsies ont montré qu’on trouvait des déments profonds avec un cerveau très peu lésé, et inversement des sujets n’ayant aucun trouble avec pourtant un cerveau dans un tel état qu’on se demande avec quoi ils pouvaient bien penser. C’est l’un des arguments essentiels pour dire que la démence de type Alzheimer est une maladie multifactorielle, dans laquelle la crise du vieillir joue un rôle fondamental ; mais ce sont là des évidences dont, dans trente ans, on se demandera comment on a bien pu faire pour les méconnaître.

En attendant je m’obstine à tenir pour coquecigrues les discours qu’on essaie de nous vendre sur, par exemple, les corrélations entre la taille de l’hippocampe et le niveau de démence de type Alzheimer. Tout au plus je me méfierais d’un diagnostic de démence de type Alzheimer chez un patient dont l’hippocampe serait strictement normal ; mais je n’ai jamais perdu mon temps à mesurer un hippocampe. Dans l’exploration des démences l’imagerie a une fonction négative : elle sert à éliminer les pathologies curables qui peuvent simuler une démence (abcès, hématomes, etc) ; elle sert aussi, en cas de normalité, à remettre en cause le diagnostic (et encore). Mais le diagnostic positif, lui, est purement clinique, il se pose en observant le malade, et on n’a que faire de l’imagerie pour cela. Un indice n’est pas un diagnostic.

Bref je ne m’intéresserais pas à l’IRM de votre mère ; d’ailleurs, si, ce que pour cette raison je me garde bien de faire, je passais une IRM… Ce qui m’intéresserait davantage serait de savoir pourquoi on a demandé cette IRM : a-t-on évoqué une démence ? Sur quels critères ?

Deux choses encore :
- La démence de type Alzheimer est de loin la plus fréquente. Ceci est vrai quel que soit le malade. Si un patient a des troubles vasculaires notoires et une démence, le plus probable est que sa démence n’est pas vasculaire mais de type Alzheimer. S’il en allait autrement cela signifierait que les troubles vasculaires protègent contre l’Alzheimer ; la seule nuance à ce propos est que comme il y a plus de déments dans la population vasculaire (puisqu’il y a autant d’Alzheimer que dans la population générale et qu’en plus il y a des déments vasculaires), la proportion d’Alzheimer y est un peu plus faible. Argument supplémentaire pour ne pas corréler inconsidérément l’existence d’une démence et des images de leucoaraïose.
- Une fois qu’on vous a dit que la démence est vasculaire et qu’elle est liée à des lésions de leucoaraïose, en quoi cela va-t-il vous donner une stratégie ?

Bien à vous,

M.C.

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