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En réponse à :

Que faire quand une personne en fin de vie refuse de mourir ?

, par Olivier

Bonjour,

Je vous suis reconnaissant de m’avoir répondu et de votre réponse. Il est rare, je trouve, d’échanger avec un médecin qui ne se situe pas uniquement sur un plan médical mais intègre dans son approche « le mystère des êtres ».
Je retiens votre conseil de limiter mon implication, et je reconnais aisément être au bord de la rupture et l’obscurcissement de mon jugement. Aussi ai-je pris contact avec un psy et recueilli l’avis de professionnels pour renforcer les aides à domicile chez mes parents.
Sur l’aspect médical, ce qu’il y aurait lieu de faire, comme de chercher une cause organique à l’état confusionnel de mon père, je ne peux bien sûr pas suggérer à son médecin de faire ceci ou cela. Je dois cependant reconnaître qu’elle avait évoqué la possibilité d’hospitaliser mon père temporairement pour faire des examens complémentaires. J’avais refusé car mes parents sont l’un et l’autre des personnes très fragiles psychologiquement ; selon moi, ils ont tenu dans la vie, car ils ont pu tant bien que mal apaiser l’un l’autre leurs angoisses respectives. Une séparation aurait eu des conséquences néfastes.
J’en ai eu la preuve il y a trois ans ; mon père avait été hospitalisé pour un banal fécalome ; cela avait eu pour effet de plonger ma mère dans un état d’angoisse extrême au point de paraître folle. Pendant cette période, elle s’était en effet rendue à une consultation mémoire ; le médecin gériatre qui l’avait évaluée m’avait convoqué en urgence ; selon elle, ma mère souffrait d’une maladie neurodégénérative, « très bien compensée, qui évoluait depuis un certain temps », et suffisamment avancée pour déconseiller formellement de laisser ma mère seule à son domicile. Hospitalisée le jour même dans un service de médecine aiguë, les deux médecins qui s’étaient relayés à son chevet m’appelaient le soir afin de comprendre l’enchaînement des faits qui avait conduit ma mère dans leur service, où elle n’avait rien à faire, bien qu’ils aient constaté des troubles cognitifs mineurs. Des investigations ultérieures n’ont pas abouti à un diagnostic certain, le médecin m’ayant seulement parlé d’une angoisse très forte et de « problèmes de mémoire qui ne peuvent s’expliquer seulement par l’âge », mais qui, selon moi, peuvent peut-être s’expliquer par l’anxiété. Et, au bout de trois ans, je n’ai pas constaté de notables dégradations de son état cognitif. De son côté, mon père avait beaucoup souffert moralement de son hospitalisation.
Bref, la séparation avait bousculé leur fragile équilibre psychique. Et c’est ce qui se passe aujourd’hui : la perte des fonctions supérieures de mon père prive ma mère de son principal appui psychique, provoquant une montée de l’angoisse : cela frappe toute personne la côtoyant, professionnel ou non.
Sans être des malades psychiatriques, mes parents sont tout de même un peu « fous » : j’ai parlé dans mon précédent message des tendances paranoïaques de mon père (à distinguer d’une authentique psychose paranoïaque) ; quant à ma mère, elle a été suivie pendant trente ans par un psychiatre pour son angoisse et sa dépression chronique.
Ce tableau me laisse assez pessimiste sur les chances de succès de mes démarches, car ma mère ne m’aide pas ; elle a une attitude tout à fait négative : quand je lui dis que mon père l’entraîne dans sa chute, elle me répond que c’est tant mieux car elle ne souhaite pas lui survivre ; quand je lui dis que l’aide que nous essayons de leur apporter, mon frère et moi, nous met en danger nous même, elle me répond qu’elle ne nous a rien demandé. Quand un professionnel de la mairie se rend à son domicile pour faire le point sur la situation, demande d’augmenter les aides, car, sans cela, tout le monde se retrouvera à l’hôpital : elle, mon père et moi-même, elle acquiesce, mais, dès que la personne est partie, dit que les aides supplémentaires demandées sont inutiles. Elle a pourtant pu constater que l’intervention de l’auxiliaire de vie qui fait la toilette de mon père le matin lui est bénéfique à elle aussi en permettant de diluer un peu son angoisse par sa présence rassurante. Manifestement, ma mère présente un jugement encore plus obscurci que le mien, du fait de l’épuisement, mais aussi de sa problématique personnelle.
Dans votre réponse, vous écrivez : « Ou bien la vieille dame est capable de décider pour elle-même, et alors il m’appartient de la raisonner ; ou bien elle n’en est pas capable et je dois alerter les autorités. » Ici, la vieille dame est capable d’interagir normalement avec ses interlocuteurs, comme les médecins ou la personne de la mairie ; tout le monde le constate, mais est-elle capable de décider pour elle-même ? Les aides classiquement proposées pour permettre le maintien à domicile d’une personne âgée en perte d’autonomie (mon père) sont pertinentes lorsque cette dernière et/ou son aidant principal (ma mère) est un minimum sensé. Ce n’est pas le cas de mes parents. Quand et comment doit-on alerter les autorités ?
Je pose ces questions et je ne sais pas si elles sont justes ou le fruit de l’obscurcissement de mon jugement.

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