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Préalables à une psycholologie du sujet âgé

Bonjour Docteur,
Merci infiniment pour votre réponse qui m’aide dans le passage difficile que je traverse ; vous arrivez avec vos mots justes à alléger ma peine et ma souffrance. Vous m’avez permis de voir plus clair dans le fatras de sentiments violents qui m’animent. Oui, vous avez raison lorsque vous dites que j’ai envie de voir cette situation se finir, qu’elle me semble interminable et trop douloureuse. Son état dépressif continuel me mine et finit par m’enlever le plaisir d’être avec lui. Mais de penser qu’il pourrait ne plus être là du tout est aussi une pensée insupportable. Dans tous les cas, grâce à vos réflexions, j’ai pu prendre conscience que je faisais de mon mieux, que je ne pouvais pas faire plus que ce que je faisais à savoir être à ses côtés et l’accompagner dans cette épreuve, lui dire que pour nous même s’il est dans cet état on l’aime quand même (chose qu’il ne croit pas m’a-t-il dit). Désormais, je ne vais plus le voir en me sentant responsable de sa santé qui se dégrade et en pensant pouvoir faire quelque chose. Je me rends compte que je n’y suis pour rien et n’y peux rien, c’est juste la vieillesse. C’est un poids en moins sur mes épaules que de ne pas me sentir obligée de tout porter à bout de bras. Je vais le voir, je l’accompagne dans cette épreuve mais je ne peux pas la lui enlever.
Pendant quelques jours, sa dépression s’est mêlé à de la colère. Il s’énerve contre tout, tout le monde et lui même. Il agresse verbalement les soignants leur disant que leurs soins ne servent à rien, qu’ils le prennent pour un mariole... (Heureusement ces derniers ne répondent pas ; ils sont admirables d’humanité et de dévotion). Lors de son repas, il se montre renfrogné et manifeste un humour grinçant en nous lançant "très bon ce repas, excellent, tout va bien, très bien, vous voyez pas". Je lui fais remarquer qu’il a vraiment l’air en colère et lui demande de m’en parler. Il me répond quelque chose comme "j’en ai marre qu’on me soigne ; je n’ai pas envie de vivre comme ça ; tu crois que c’est bien de vivre comme ça toi, je suis complètement dépendant, j’en ai marre ». Ce jour là, en plus, on lui avait mis une sonde et c’est un peu la goutte d’eau qui a fait déborder le vase (si on peut dire). Il n’a pas arrêté de parler de cette sonde disant que dorénavant il devrait vivre avec tout le temps, que cela n’était pas temporaire, qu’il savait ce que cela signifiait et qu’il « fallait pas lui raconter de "conneries". Il a ajouté sarcastiquement « Bientôt j’aurai un anus artificiel aussi, ça aussi on peut faire, et pourquoi pas après tout ?"Hier il n’avait plus la force de faire le trajet retour en déambulateur après le repas pour aller à sa chambre, je lui ai proposé le fauteuil roulant. Il s’est révolté contre la proposition et a failli tomber. Il ne voulait pas qu’on l’aide et a dit « Arrêtez de me faire ch.. ou je tape ». Heureusement mon mari a été là pour le rattraper. C’est dur pour moi de voir la souffrance dans laquelle il se débat. C’est vrai que dans ces moments là, je peux penser à la sédation que vous évoquiez pour soulager ses souffrances…
Mais, depuis trois jours, en fait depuis que ma mère s’est rétablie quelque peu de sa chute et a pu faire le déplacement à l’hôpital, il semble plus apaisé et un peu moins opposant. Il s’est un peu forcé pour faire de la marche avec le déambulateur et à réussi à faire l’aller retour de la salle commune de repas à sa chambre. Peut-être le fait de revoir ma mère et d’avoir un but en sortant de l’hôpital ? Mais je sais aussi que ça n’est jamais gagné et que ce timide élan de vie peut retomber aussi vite.
Pensez-vous qu’il est encore possible qu’il puisse faire des progrès ou son sort est à peu près fixé pour avoir une qualité de vie un peu meilleure (des fois j’ai envie de croire aux miracles) ? Pensez-vous qu’il va garder cette sonde ?
Aujourd’hui nous avons rendez-vous avec le médecin du service de soins de suite pour parler de sa sortie. Nous n’allons pas le faire participer à l’entretien car pour l’instant, nous n’avons pas encore abordé le sujet de la maison de retraite. Nous ne savons pas quoi faire car il ne parle pas du tout des modalités de sa sortie ou alors il fait comme s’il allait reprendre sa vie d’avant l’hospitalisation avec l’aide de ma mère et la nôtre (celle de ma sœur et moi). Nous avons pensé lui parler d’un séjour temporaire pour que le choc soit moins rude et qu’il ait l’espoir d’une sortie. Ayant pu apprécier votre droiture morale et votre humanité, peut-être avez-vous des suggestions ou réflexions à ce sujet.
Merci encore pour votre précieuse écoute et votre humanité qui fait du bien au cœur.

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