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En réponse à :

Préalables à une psycholologie du sujet âgé

, par marie

Bonjour docteur,

J’espère que vous répondez encore, car je suis un peu perdue aujourd’hui.
J’ai lu quelques-uns de vos articles, je sens chez vous tant d’humanité, d’humilité et de prudence que je me permets de vous demander conseil.

Mon père (86 ans) a fait un AVC en juillet 2014. Il a retrouvé l’usage du langage assez rapidement avec toute sa conscience.
Après ses six mois où, avec ma sœur, nous avons fait notre possible pour le soutenir, lui rendre visite quasiment tous les jours à l’hôpital, puis en soins curatifs, puis en rééducation. Il est revenu chez lui en fauteuil roulant depuis deux mois , encore incapable de marcher (sa jambe droite fonctionne mais le genou fléchit et il ne tient pas l’équilibre, quant à son bras, seule sa main bouge un peu). Nous avons mis en place toute la batterie d’aides nécessaires (infirmiers matin et soir, auxiliaire de vie, kiné, repas livré, alarme).

Mais nous constatons qu’il est incapable d’autonomie, si l’une de nous n’est pas là, il ne mange pas alors qu’il se déplace fort bien en fauteuil, sait utiliser le micro-ondes, etc. Il passe ses journées devant son poste de télévision, ne fait quasiment rien d’autre, un peu d’ordinateur au début, il écoute encore un peu de musique, mais il a du mal à lire alors il a renoncé. On lui a installé des jeux sur sa tablette mais ne joue pas, même avec nous. Il mange peu, signifiant qu’il n’a pas assez d’activités pour avoir faim et parfois ne nous parle pas, plongé dans les reportages d’Arte ou les émissions politiques, elles-seules d’ailleurs le réaniment et le mettent en colère.

Comme j’habite assez loin, quand je prends le relais de ma sœur, j’habite chez mon père. Mon compagnon, qui a sa propre mère grabataire à la maison, ne peut me soutenir et dans cette ville, je n’ai presque aucun réseau, sinon celui de la famille. Mon compagnon me parle de dépression, ce qui effectivement a été détectée en rééducation et il a été suivi. Il ne veut jamais sortir, même sur sa terrasse, refuse toute proposition de sortie avec nous. Il a une liste de médicaments impressionnante entre le cœur, la thyroïde, la dépression...

Autre élément, sa compagne de 94 ans, qui vient de partir en Ehpad, diagnostiquée Alzheimer, lui a fait promettre de la rejoindre. Il vient de mentir pendant un mois face à son harcèlement pour qu’il la suive, sinon elle ne partait pas (période très pénible pour nous, car elle était souvent hystérique et violente). Sa compagne ne vivait pas chez lui, ils avaient chacun leur appartement dans la même résidence.

Mon père a toujours été quelqu’un qui aidait. Depuis son accident, il est évident que se trouver dans la position de l’aidé ne lui convient pas. Nous sommes un peu au bout de nos ressources, ma sœur et moi, parfois il ignore notre présence, regarde inlassablement les images de son écran géant. Et personnellement, restant éloignée de mon lieu de vie, je commence à déprimer aussi d’autant que je trouve mon compagnon bien égoïste de vouloir que je le rejoigne ; c’est vrai que je ne l’ai vu que trois semaines depuis juillet. Mais ma déprime concerne plus mon mode de vie ici, sans mes animaux, sans mes enfants, sans mes amis.

Je ne sais si les psychologues se déplacent à domicile, je vais faire le tour de ceux de la région et tenter d’en trouver un qui serait à même de nous sortir de ce marasme ambiant, car si mon père retrouvait un projet de vie malgré son handicap, nous serions, ma sœur et moi, soulagées. L’abandonner dans cet état nous culpabiliserait énormément, ce sont ses dernières années de vie, il me semble qu’il faudrait qu’il les vive au mieux. Mais peut-être sommes-nous trop axées sur son bien-être, trop interventionnistes. C’est le reproche de mon compagnon, qui j’avoue ne manque pas d’air, puisqu’il soigne sa mère, centre de tous ses soins depuis deux ans. Mais je reconnais que la situation n’est pas la même, elle n’a pas toute sa conscience, quoique parfois elle reste assez lucide et apparemment sa vie lui convient assez bien, entourée par l’affection d’un fils qui a été très vigilant sur toutes les questions concernant son problème, et c’est lui qui a découvert votre site.

C’est donc ma question (et la sienne depuis des mois) : devons-nous le laisser se débrouiller seul un peu plus souvent (avec bien sûr toutes les aides mises en place) ou continuer à le soutenir comme nous le faisons ?

Je vous remercie pour votre attention. J’ai sans doute besoin d’un soutien psychologique aussi.
Très amicalement.

marie.

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