Poster un message

En réponse à :

Préalables à une psycholologie du sujet âgé

, par Michel

Bonjour.

Comment aller plus loin dans ma réponse ?

Cela m’est difficile pour deux raisons.

La première est simple : je ne me suis pratiquement pas intéressé aux neurosciences. Il est probable pourtant que c’est là qu’il faut chercher des éléments.

La seconde est que la psychiatrie a été particulièrement ébranlée par l’irruption des conceptions américaines. De manière très schématique, il y a une opposition, qu’on retrouve en philosophie, en éthique, etc... entre les deux rives de l’Atlantique. Pour le dire grossièrement, les Européens sont attachés à la recherche des principes et des causes, les Américains s’intéressent bien davantage aux résultats ; différence qui me fait penser au débat entre Platon et les sophistes. Et la psychiatrie est particulièrement touchée parce que, comme nous le savons depuis longtemps, il est difficile de dégager un savoir objectif sur la subjectivité.

Quand il s’est agi d’écrire une classification des maladies mentales, les Américains ont donc considéré qu’il fallait s’intéresser uniquement à ce qui était observable. Pour prendre un exemple qui m’est cher, il existe un symptôme qui s’appelle l’anosognosie:c’est la méconnaissance de la maladie par le malade lui-même. Et les auteurs américains ont décidé que le dément présente une anosognosie, parce qu’il ne reconnaît jamais qu’il est dément. Et certes ils n’ont pas tort. Mais du coup ils refusent de faire la différence entre celui qui ne dit pas qu’il est dément parce qu’il ne le sait pas, et celui qui ne le dit pas parce qu’il le sait fort bien mais refuse de le dire. C’est dommage.

Je vous dis cela parce qu’il y va de la notion même de maladie. Ce que nous observons, ce sont des manifestations : signes, symptômes. Éventuellement on observe des groupements de symptômes (syndromes). Mais une maladie, c’est autre chose : c’est un mécanisme pathologique, lié à une ou plusieurs causes, et qui produit les symptômes. Et je crois que sur la dépression nous n’en sommes pas à décrire finement un mécanisme lié à une cause. La dépression est donc, en l’état actuel de nos connaissances, un syndrome.

Sur l’action des antidépresseurs, on sait qu’ils agissent sur deux types de médiateurs chimiques : la sérotonine et l’acétylcholine. Le problème est qu’on n’est pas encore trop savant sur la physiologie exacte de ces médiateurs : il est difficile de penser que quelque chose d’aussi pointu et variable que l’humeur puisse dépendre d’un peu plus ou moins de médiateurs. Par contre ils n’agissent certainement pas en inhibant les fonctions cognitives ; on pourrait le dire davantage des neuroleptiques.

Bien à vous,

M.C.

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici
  • Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.