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En réponse à :

Vincent Lambert

, par Michel

Bonjour, et merci de votre message

Ne faut il pas comprendre la decision comme une impossibilite à decider resultant de la consequence du desaccord entre les medecins et certains membres de la famille du patient : les medecins supposent un refus de l alimentation, cependant ce refus n est pas explicite, il est conteste par certains membres de la famille, et il n y a pas de directives anticipees.

Je crois moi aussi qu il y a en effet matière a discuter. Voyez l ADMD et le ridicule : La situation medicale n est pas si differente de celle d Eluana Engaro, pour laquelle la question qui se posait n etait pas celle du confort de la malade, ni celui de sa volonte (elle n en exprimait pas) mais celle du sens, ce qui est un probleme nettement plus dangereux. Mais ce qui est choquant c est de lire que les medecins ont eu tort de comprendre le comportement du malade comme un refus de soins ; les juges ont decide, eux, et sans se donner la peine de voir la situation. Ils ne peuvent pas a la fois dire que la situation est indecidable et prendre une decision. Ils auraient pu dire, comme dans l affaire Hannah Jones, que le malade est apte ou non a manifester un desir recevable ; mais ils ont dit que le malade ne manifestait pas de desir.

Terrible regression.

Il y a desaccord entre les membres de la famille. Cela me pousse a observer sarcastiquement que les parents, catholiques integristes, ont perdu de vue ce verset de la Genese : C est pourquoi un homme se separera de son pere et de sa mere et s attachera a sa femme, et les deux ne feront plus qu un. Le jugement de l epouse prevaut sur le leur.

De plus, le maintien de l alimentation n est pas simplement motive par des convictions puisque le cas de figure n est pas celui d une fin de vie et que, ni inutile ni disproportionne, il ne peut etre vu comme un acharnement therapeutique.

C est plus difficile. La question de l alimentation (voir a ce sujet le dossier du debat sur la loi Leonetti) est un sujet de crispation pour les catholiques traditionalistes (qui ne sont pas les pires, d ailleurs, songez aux huit annees de coma de Sharon), d ou les palinodies sur soin et traitement, comme si je pouvais refuser mes traitements et pas mes soins (qu ils y viennent...). Ce qu on fait en alimentant un malade en etat vegetatif chronique, c est prolonger artificiellement sa vie, ce qui suppose une decision prealable : je desire qu il vive, et qu il vive comme ça ; c est un choix positif. Est il inutile et disproportionne ? Il y a la un flou theorique. Il n est pas source d inconfort, c est certain. Mais si je considere que la vie humaine est avant tout vie de relation, alors je peux juger qu il est disproportionne au benefice que le malade en tire ; de meme je peux considerer que pour les memes raisons la prolongation artificielle de cette vie est inutile.

On voit alors qu il serait prudent de baliser le terrain, car Binding et Hoche ne seraient pas loin : la vie du debile profond a-t-elle un sens ? Binding et Hoche travaillaient en pleine crise economique de l Allemagne, et ils faisaient remarquer qu on ferait beaucoup plus de bien en consacrant a la lutte contre le chomage les fonds utilises a faire vivre les debiles. il faut condamner cela, mais pas trop vite. Provisoirement je proposerais qu on dise quelles sont les limites de l alimentation artificielle : disons nous que le fait nourrir à la cuillere un debile profond qui sans cela mourrait de faim constitue une alimentation artificielle ? Ou disons nous que l alimentation artificielle commence quand on doit utiliser un tube qui franchit le pharynx ? Disons nous que la vie doit etre protegee des lors qu il existe un semblant, meme minime, de relation ? Peut etre, en repondant a ces questions, aurions nous quelques securites.

Mais, je le repete, le probleme de Vincent Lambert est qu il semble avoir manifeste son refus. Et cela change tout, bien sur. Que faisons nous des manifestations de refus ? Elles sont discutables, certes, mais enfin j en ai suffisamment vu pour comprendre de quoi il s agit ; et pour penser que des professionnels consciencieux qui observent la situation depuis maintenant un an et demi ont toute chance de savoir de quoi ils parlent. Au reste, meme s ils se trompaient, le risque de se tromper dans l autre sens est au moins egal, et il faut bien faire cette impasse quand on est en relation humaine...

Bien a vous,

M.C.

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