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En réponse à :

attention TW suicide, lecteurs sensibles au sujet s’abstenir

Bonjour Frédérique,

Pose-t-on la question de l’euthanasie et du suicide en se restreignant à la seule volonté du candidat, ou va-t-on plus loin en examinant le fantasme de mort, la liberté de construire son fantasme de mort, le droit de réaliser son fantasme de mort ?

1) Je suppose qu’imaginer sa mort idéale est très courant. Et en particulier d’avoir un médecin qui fait ce qu’il faut quand il faut sans avoir à le demander à son patient endormi. Il suffit de l’imaginer de n’importe quel autre point de vue que celui du patient endormi pour se rendre compte que cela relève du caprice. Laisser cette initiative au médecin (ou à n’importe qui d’autre que le patient, sans l’avis du patient) est inenvisageable tant que le patient est capable d’exprimer sa volonté. La question relève donc du suicide assisté : une demande de mort formulée par le patient ou son représentant.

2) Il suffit d’envisager le suicide asisté pour constater le caractère inacceptable du jugement en la matière :
- Le désir de mort est intime et n’à pas à être justifié.
- S’il n’a pas à être justifié, il ne peut l’être non plus : que feriez-vous si un proche vous demandait de l’aider ? Comment feriez-vous pour évaluer sa demande ?
- Accepteriez-vous d’être contrainte d’expliquer vos raisons profondes , vos peurs, vos impossibilités, et de dépendre d’une décision ? (Pas moi, puisque si l’on aborde ce sujet, il s’agit de trouver une réponse qui concerne tout le monde)).

3) Une solution est de libéraliser l’accès à une dose létale à tous (hommes, femmes, enfants) quelles que soient les conséquences et le mode d’absorption (éventuellement, un contenant qui délivre le poison sur code secret individuel délivré à la naissance, puisqu’il faut bien régler la question de ceux qui ne pourront pas faire le mouvement de porter le poison à leur bouche et s’en remettront à un tiers en lui communiquant son code par exemple). Ou bien, il faudrait enquêter sur chaque suicide pour savoir si ce n’était pas un meurtre déguisé. Ne parlons pas des suicides de ceux qui auraient pu être soignés.

4) A défaut, il est possible de considérer qu’il existe suffisamment d’information et de médicaments qui permettent le suicide sans le faciliter. Toutes les réponses ne sont pas disponibles : doses sans effets indésirables, risques de se rater, conséquences en cas de tentative ratée... Mais il est illusoire de penser qu’un médecin aurait toutes ces réponses. Un poison est le plus souvent aussi un médicament aux effets en partie aléatoires.

5) Tout cela ne répond pas à une question : que faire des candidats aux suicides ? Doit-on considérer qu’en leur donnant les moyens de se suicider, la société a l’obligation de prendre soin d’eux en les détournant de leur objectif ? S’abstient-on de soigner une tentative de suicide ratée ? S’abstient-on de soigner le cancer du poumon de quelqu’un qui a fumé 3 paquets par jour depuis 30 ans ?

6) Réclamer un droit suppose d’en envisager les conséquences, mais surtout, d’examiner en quoi il n’est pas déjà effectif. Voulez-vous le droit d’être soignée, le droit de ne pas être soignée, ou alors le droit d’être tuée par celui qui vous soigne ?
Actuellement :
- Vous pouvez être soignée.
- Vous pouvez refuser les soins, et aussi refuser certains soins dans un contexte où vous êtes soignée.
- Vous pouvez quasiment demander à dormir jusqu’à la mort, dans des conditions ou en créant les conditions qui vous feraient mourir.
Il me semble qu’il y a là les ingrédients d’un fantasme de mort idéale, et que bien des candidats s’en satisferaient s’ils étaient sûrs de pouvoir en bénéficier.

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