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En réponse à :

La souffrance en fin de vie

, par nanou73

Merci cher Michel pour ce regard si pur et sans concession que vous apportez à nos situations. Avec vous, les mots ont un sens et vous savez magnifiquement dire les choses telles qu’elles sont sans fards ni politiquemnt correct et j’aime cette attitude.
Vous parlez de dignité. Peut-on mourir en restant digne ? Qu’est ce que la dignité ?
Quand je regarde la petite silhouette décharnée gisant aujourd’hui sur un lit qu’elle ne quittera que pour le fourgon funéraire, quand je regarde ce pauvre corps malmemé par la vie et plus encore par la mort qui s’approche et que l’on a sondé parce que c’est plus simple et plus confortable pour elle comme pour nous, je ne suis pas sûre qu’il soit possible de parler de dignité. Ou alors, le terme de dignité n’a pas le même sens pour vous et pour moi.
J’ai du mal à penser qu’il y ait une queconque dignité possible dans le fait de mourir, que l’on choisisse de se suicider ou que la mort vienne seule au moment où elle l’a choisie.
Il n’y a pas de dignité à perdre toute autonomie, tout pouvoir de décision, tout libre-arbitre, tout contrôle de son propre corps. En tout cas pas de dignité au sens où je l’entends moi.

Mais est-ce important pour celui qui s’en va ??? Je n’en suis pas certaine du tout. La mort et le temps qui la précède sont des temps "bénis" où, comme vous le dites, il n’y a plus de barrières. Plus de contrainte de politesse et de bienséance, plus d’inhibitions ni de crainte de faire du mal à untel ou untel avec des mots ou des gestes.
Je crois que la mort a ceci de commun avec la toute petite enfance, qu’elle justifie par ce qu’elle est les outrances les plus violentes et tout est acceptable.
Acceptable si on a la possibilité de comprendre ce qui se passe dans l’esprit du mourant et si on parvient à admettre que cette personne que nous chérissons n’est plus vraiment là pour nous mais qu’elle vit sa propre mort et que c’est une affaire très importante qui, quelque part, ne nous concerne pas.
On vient au monde seul et on meurt seul. C’est ainsi je crois mais ce n’est ni grave ni culpabilisant.

Ma maman est aujourd’hui calmée par l’Haldol et la Morphine au pousse seringue et dort la plupart du temps. IL lui arrive rarement d’ouvrir les yeux mais elle ne regarde rien de spécial. Notre présence à ses côtés est peut-être importante et peut-être pas. Nous ne savons et ne saurons pas parce qu’elle est maintenant loin de la vie telle que nous nous la connaissons. Elle n’a pas mal. Elle n’est pas anxieuse et ses désirs contradictoires sont calmés par les médicaments.
Et je suis abstraitement prête à la voir partir et concrètement désespérée de ce départ.

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