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En réponse à :

Dilemme insupportable

, par Michel

Bonjour, Odile.

Vous devez bien pense qu’il m’est très difficile de donner un avis sur une situation que je n’ai pas vue. Je ne peux donc vous donner qu’une réponse théorique.

Nous avons affaire à une très vieille dame, probablement dénutrie, en état général peut-être précaire, et suspecte d’un cancer digestif. Mais le principal problème est qu’elle est menacée d’une péritonite à cause de son infection, quelle qu’en soit l’origine.

Vous avez un chirurgien qui propose d’intervenir. Cela implique qu’il a pesé le pour et le contre, et qu’il pense qu’il y a une chance raisonnable que l’intervention se passe bien. Redisons que ce type de chirurgie n’est pas très lourd.

Ce que vous vous demandez, c’est s’il vaut mieux tenter cette chance, au risque d’un échec, voire d’une évolution fatale à court terme, ou s’il faut ne rien faire, et entrer dans une fin de vie paisible.

Je comprends que la décision soit difficile, et je serais certainement dans mes petits souliers si je devais la prendre.

Mais voilà : il faut en prendre une, et c’est un problème de bénfice/risque.

La première chose à faire, c’est de se demander ce que votre mère en pense. Peut-être aurez-vous comme réaction de me dire qu’elle n’en pense rien mais je vous recommande de vous méfier : ce n’est pas du tout certain, et on a souvent des surprises.

Cette question réglée, raisonnons.

Nous ne sommes pas dans une situation d’acharnement thérapeutique (je passe, car j’ai écrit là-dessus, sur le fait que cette question de l’acharnement thérapeutique est bien moins simple qu’on ne se le figure). En effet il y a une chance raisonnable, enfin, je me fie faute d’autre chose à l’avis du chirurgien, que tout se passe bien. On ne peut donc sans danger dire qu’il ne faut rien faire. Quant au risque de l’intervention, il est de deux sortes :
- Un décès rapide.
- Une cascade de complications qui vous feraient regretter ce que vous avez choisi.
Je dirais que le premier risque n’en est pas un, comme vous allez le voir très vite.

En face, il y a une autre option : ne rien faire. Cela permet d’éviter l’issue très négative dont nous venons de parler, mais :
- Cela condamne la malade, raison pour laquelle je disais que le risque de décès périopératoire n’en est pas un : si c’est pour mourir, je ne sais pas s’il faut souhaiter que les choses traînent.
- La prise en charge palliative d’une péritonite non traitée est faisable. Mais sauf à entrer très vite dans une sédation terminale, il ne faut pas s’illusionner sur notre aptitude a assurer à la patiente un confort digne de ce nom : on ne sait faire que limiter la casse.

Nous avons donc d’un côté une stratégie peut-être gagnante et dont les risques sont acceptables, et de l’autre une stratégie qui ne laisse comme perspective qu’une fin de vie, au mieux correcte, au pire ni plus ni moins difficile que la pire des complications de la première.

Dans ces conditions je crois que le meilleur pari est d’opérer. Mais il s’agit d’un pari, et on ne peut pas dire qu’il soit rassurant.

Je reste à votre écoute.

Bien à vous,

M.C.

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