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En réponse à :

La souffrance en fin de vie

, par Michel

Bonsoir Clara. Je vais répondre au fil de votre mail. Ce ne sera donc ps une réponse très construite.

Les médecins qui l ont opere en novembre ne sont pas passes par la biopsie car rien qu en l examinant, ils ont conclu a un cancer tres avance de la prostate.

C’est précisément cela qu’il me faut comprendre. Car le pronostic du cancer de la prostate n’est pas dans la prostate ; il est dans les métastases. Si donc on constate un cancer de la prostate à un stade multimétastasé, l’opération est tout ce qu’on veut sauf une urgence. A vrai dire la meilleure stratégie est de tenter un traitement médicamenteux : si le malade répond au traitement il vaut la peine de l’opérer, sinon cela ne va rien changer. Les exceptions à ce principe de bon sens sont les cancers qui posent des problèmes locaux, par exemple de compression catastrophique des voies urinaires. Mais sur ce point je ne sais rien, ce qui fait qu’il me manque un élément pour comprendre la situation.

Dans les résultats, un seul nom : ’Vimentin : positive very strong and diffuse’. on ne savait pas ce que c’était. ils ne nous ont pas bien expliques.

je ne saurais pas trop vous l’expliquer non plus. C’est un test récent, dont je n’ai aucune pratique. Je n’ai pas entendu dire qu’il débouche sur des conséquences concrètes, mais je n’en sais rien.

Les medecins ont fait une piqure pour limiter la propagation des cellules cancereuses au cas ou. quelques semaines plus tard, on lui a pose une sonde urinaire. Il y avait du sang qui n arretait pas de couler dans la poche urinaire et dans l anus. Ensuite, il avait mal aux jambes. Puis il commencait a vomir. On l a a nouveau hospitalise en janvier il y a deux semaines . Les medecins ont dit que le foie, les reins, le colon, l oesophage, et maintenant le cerveau sont tous atteint
.

C’est une situation rare, mais cela se voit. Du coup les médecins ont décidé de ne pas proposer d’autre traitement, ils ont bien fait.

Aujourd hui il a les yeux ouverts tout le temps, plus de larmes, il dort en ronflant, des qu on le touche, il bouge sa tete et ses bras Dans tout les sens. On a peur qu il souffre. Il ne savait pas jusqu a la fin qu il avait un cancer, car il est malentendant et on ne lui a rien dit pour ne pas l angoisser. Il esperait s en sortir.

Cela me fait plutôt penser à une agitation non liée à une douleur ; mais de quelle origine ? Il y a par exemple l’insuffisance rénale terminale. Dans ce cas elle n’est pas synonyme d’un inconfort majeur. Mais cela peut être lié aux métastases cérébrales, avec la même remarque. Ou encore il peut s’agir d’une agitation anxieuse, ce qui est alors plus gênant, car l’anxiété est une cause de souffrance.

pourquoi vous dites que les larmes sont inquietants ?

Je dis que c’est un motif d’inquiétude parce que quand un malade pleure la première explication est qu’il a des raisons de pleurer. Mais j’ai attiré votre attention sur le fait qu’en fin de vie il y a de multiples causes de larmoiement qui ne correspondent pas à des pleurs, et qui peuvent faire croire à tort que le malade est triste alors qu’il s’agit d’un phénomène physiologique d’une autre nature. Là il faut voir le malade pour se faire une idée.

Il ya une solution comme de l eau qui passe par le nez. est ce pour l hydrater ?

C’est probable. Est-ce souhaitable ? Je ne sais pas. Il est souvent utile d’hydrater des malades en fin de vie, mais il est souvent utile de ne pas le faire. Seuls les professionnels qui sont en charge de son cas peuvent dire quelque chose.

on ne supporte pas de le voir dans cet etat. il n a plus que les os.

Et je le comprends sans peine. Mais il y a un point auquel il vous faut vous cramponner (et c’est difficile) : la seule chose qui importe c’est ce qu’il vit. Ce que vous voyez est terrible, mais ce n’est pas cela qui compte.

un jour, il m a demande de prier pour qu il puisse au moins boire de l eau car il avait soif mais vomissait des qu il buvait une goutte d eau. Apres il a dit que les infirmieres ne lui donnent pas a manger alors qu il a faim. tout ca est traumatisant pour nous.
quelle souffrance pour lui ces derniers jours
.

Là, je crois qu’il y a effectivement une question à se poser.

Car le tableau que vous décrivez est celui d’un malade inconfortable. Avez-vous raison ? Je ne le sais pas : la souffrance qu’on ressent à voir quelqu’un se mourir peut faire surestimer la gravité de sa propre souffrance. Mais il faut s’interroger. Car :
- S’il est vraiment au bout (disons : si tout le monde est d’accord pour dire qu’il ne sortira pas de l’hôpital).
- S’il n’y a plus de moment où vous pouvez communiquer de manière apaisée.
- Si, dans ce qu’il a pu dire à ce sujet, il n’y a rien qui vous fasse penser que peut-être il préférerait rester lucide jusqu’au bout.
Alors il faut se demander si cette situation a du sens, et si les inconforts qu’elle engendre valent d’être vécus. Et c’est une situation où on pourrait envisager de le plonger dans un sommeil, pas nécessairement très profond ni définitif, qui n’abrégerait pas sa vie mais qui lui permettrait de finir ses jours paisiblement.

C’est une décision très difficile à prendre, et pour tout le monde. Et encore une fois peut-être les choses sont-elles moins terribles que vous ne pensez. Mais il me semble que vous pourriez en parler aux médecins.

Bien à vous,

M.C.

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