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En réponse à :

La souffrance en fin de vie

, par Michel

Bonsoir, Clara.

C’est très difficile de vous répondre : dans la situation dont vous parlez il faut absolument avoir vu le malade.

Dans le cas général, le cancer de la prostate donne surtout des métastases osseuses. Il peut en donner beaucoup, mais les autres organes sont assez peu atteints. Par contre les métastases osseuses sont douloureuses, et déclenchent des troubles du calcium qui peuvent poser problème.

Bref, et faute d’autres éléments, je suis tenté de considérer que nous avons affaire à un malade qui pose deux problèmes :
- Celui de l’extension propre de son cancer, qui peut arriver à bloquer les voies urinaires.
- Celui de la douleur liée aux métastases osseuses.

On a par ailleurs l’impression qu’il a lâché prise et qu’il va effectivement vers sa mort. J’ai bien lu que vous dites : il lutte beaucoup pour vivre ; mais l’ambivalence fait partie intégrante de la situation.

Donc il faut se poser la question de la douleur. Et là il y a une incertitude, car vous indiquez qu’il a de la morphine. C’est une bonne chose, mais en a-t-il assez ? Les douleurs des métastases osseuses sont toujours maîtrisables, mais on est souvent conduit à prescrire des doses effarantes, voire à utiliser des molécules encore plus puissantes. En tout cas chez un malade en fin de vie qui a des métastases osseuses diffuses et qui se plaint, la première chose à faire est de revoir le traitement antalgique. Ce qui va contre un sous-dosage c’est qu’un malade qui souffre de métastases osseuses augmente sa douleur quand il bouge L’agitation est donc un argument puissant pour dire que la douleur n’est pas l’essentiel.

Est-il dans le coma ? Cela se peut. Mais si le coma est trop léger cela n’empêche pas d’avoir mal. Le fait qu’il ouvre le yeux n’est pas un argument suffisant pour affirmer qu’il est conscient ; mais c’en est un pour dire que le coma n’est pas très profond. De même les larmes sont un motif d’inquiétude, mais il y a de multiples raisons pour que les yeux d’un malade en fin de vie se mettent à larmoyer.

Pourquoi va-t-on lui changer sa sonde urinaire ? Si elle est bouchée, je comprends ; mais si elle ne l’est pas, et si on le considère comme mourant, je ne vois pas quelle raison on aurait de la changer. Les médecins vous expliqueront sans doute pourquoi ils envisagent ce changement.

Quant au pronostic, je ne peux pas vous répondre car il y a une anomalie dans ce que vous racontez :

Le malade a été opéré de sa prostate en novembre. Je n’ai jamais vu un cancer de la prostate qui n’a pas de métastases en novembre et qui tue le malade en janvier. Un malade qui meurt en janvier d’un cancer de la prostate multimétastasé avant déjà des métastases diffuses en novembre. Mais il est rarissime qu’on opère un cancer de la prostate métastasé, parce que cela ne sert à rien. Donc je n’arrive pas à reconstituer ce qui s’est passé : l’évolution est infiniment trop rapide.

C’est cet élément qui me manque. Je vais donc considérer que nous avons affaire à un malade qui a un cancer et qui en est au stade de troubles de la conscience. Franchement je serais surpris que les choses durent ; c’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles je crois que s’il n’y a pas une indication urgente à changer la sonde, on peut probablement la laisser en place.

Mais nous pouvons reparler de tout cela quand vous le voulez.

Bien à vous,

M.C.

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