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En réponse à :

Médicaments et maladie d’Alzheimer

, par Michel

Bonsoir, Rossinante, et merci pour votre commentaire.

Vous savez, c’est une drôle d’expérience que de lancer comme ça sur la toile de textes dont on sait très bien qu’ils ne sont pas dans la norme, qu’ils risquent d’être démolis par tout ce que la France compte d’agrégés et mal compris d’une telle quantité d’autres. Ces positions, ces points de vue, ces questionnements, on me les aura fait payer très cher dans ma pratique professionnelle, au point que la perspective, qui s’approche, de la fin de ma carrière commence à avoir quelque chose d’apaisant.

Ceci pour essayer de vous faire percevoir quel réconfort je puise dans votre approbation.

"Votre conclusion aujourd’hui me semble toutefois un petit peu trop "tendre". Les EHPAD qui ont choisi le forfait peuvent être en difficulté financièrement, la tentation est alors forte "d’inciter" à la limitation de traitement (coûteux)..."

Bien sûr ! Et c’est délibérément que je n’ai pas voulu en parler. Il m’importait dans ce texte de poser le problème comme il me semble devoir être posé, ce qui impliquait qu’on ne s’aventure pas du côté comptable. L’urgence à l’heure actuelle est de trouver une voie moyenne entre d’un côté cette mode qui commence à se développer et qui est de dire que les anticholinestérasiques sont une escroquerie, et de l’autre ce que nous voyons tous les jours : ces déments profonds à qui on continue à donner religieusement des drogues dont ils n’ont que faire.

Mais je n’ai garde d’oublier ce qu’on dit de plus en plus : que les anticholinestérasiques n’ont d’indication que dans la mesure où ils évitent une entrée en institution ; car là on voit très clairement qu’il s’agit d’un point de vue purement financier : si ça permet d’éviter une plus grosse dépense on en veut bien, alors que le critère n’est pas celui-là : certes, je le répète, si le malade ne peut plus rester chez lui il y a de fortes chances pour que les traitements ne lui soient plus bénéfiques ; mais cela n’autorise pas à retourner l’argument.

"Le phénomène touche toutes les classes médicamenteuses coûteuses, EPO en tête de liste... la dérive existe bel et bien (arrêt de traitement, non initiation de traitement en vu d’un transfert EHPAD...). Ce non respect de l’équité dans les soins mérite d’être sinon dénoncé, pour le moins signalé."

Je suis tout à fait d’accord. Mais je n’ai pas traité cette question parce qu’elle est à mon sens encore bien pire, et qu’elle justifierait un texte que je ne sais pas encore écrire.

Il va bien falloir en effet poser à nouveaux frais la question des dépenses à consentir pour les personnes âgées. Je n’ai pas une grande inclination pour les théories utilitaristes, même si en les combattant j’ai appris à les connaître et à en avoir une vision moins simpliste qu’auparavant. Mais je redoute que si nous essayons réellement de nous poser le problème dans son ensemble, nous n’arrivions à des conclusions très désagréables, d’autant plus désagréables que je fais partie de la première génération qui se verra appliquer lesdites conclusions. Pour le moment la question de la limitation des dépenses de santé pour les personnes âgées n’a pas lieu de se poser ; mais l’heure vient, et nous le savons parfaitement.

Pessimisme ? Oui, dans un sens. Mais je crois plutôt que la gériatrie est là, au contraire, pour trouver les moyens d’optimiser le vieillir. Et ça, c’est un challenge extraordinaire.

Bien à vous,

M.C.

P.S. : J’ai été très déçu, relisant Cervantes au printemps dernier, de constater que Rossinante est un cheval et non une jument.

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