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En réponse à :

Les troubles psychiatriques du sujet âgé

, par Michel

Bonjour, Pascale.

Je comprends sans peine que cette histoire vous ait désarçonnée. Surtout si vous n’aviez rien vu venir, ce qui peut arriver facilement si les épisodes sont rares.

Mais si l’histoire se laisse assez aisément raconter il va être beaucoup plus difficile d’en trouver une explication.

Je dis que l’histoire se laisse facilement raconter, mais je n’oublie pas que souvent ce qui compte le plus ce sont les détails, et que nous en manquons peut-être. En tout cas j’ai lu l’histoire d’un homme qui a engagé des travaux sans les anticiper, sans les préparer, et qui se trouve placé devant une tâche insurmontable, avec cette circonstance aggravante que cela se passe devant sa famille, et notamment sa fille et son petit-fils. Dans ce contexte sa réaction est en soi assez banale : c’est ce que j’appelle le coup du magnétoscope. Le coup du magnétoscope est la manière dont j’envoie balader mon jeune fils quand, alors que ça fait deux heures que je m’escrime à décrypter la notice, il jette un coup d’œil par-dessus mon épaule et me lance : « Tu devrais essayer le gros bouton à gauche ». La crise de votre père a toute chance de correspondre à une défense qu’il met en place pour tenter de noyer l’erreur qu’il a faite en se lançant inconsidérément dans cette affaire sans la préparer.

Le problème est évidemment de trouver le mécanisme qui le conduit à se fourrer dans de telles situations. Et là je ne peux pas vous dire grand-chose, tant les hypothèses sont nombreuses. Par exemple il serait tout à fait possible qu’il soit atteint d’une démence (de type Alzheimer ou autre), qu’il sente les choses peu à peu lui échapper, qu’il se lance dans ses projets pour montrer (et se montrer) qu’il est encore capable d’en réaliser, et que du coup l’échec lui soit insupportable ; mais il est fréquent que l’alcoolisme chronique engendre des troubles du caractère ; tout comme il est fréquent que les déprimés aient de telles sautes d’humeur : le point commun de ces trois situations est que le malade a peur de perdre sa maîtrise du réel. D’autres hypothèses seraient à envisager. Mais je ne vois pas comment on peut en faire le tri sans un examen psychiatrique.

La seule chose dont je suis sûr (et cela, plus sérieusement, peut constituer un indice de trouble intellectuel) c’est qu’il n’est pas normal d’avoir besoin d’une truelle pour étendre un mortier de ragréage : presque par définition, il est autolissant et doit couler tout seul.

Bien à vous,

M.C.

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