Poster un message

En réponse à :

Les troubles psychiatriques du sujet âgé

, par Michel

Bonjour, Élodie.

Ce sont en effet des situations très délicates.

Ce que vous racontez s’appelle un délire. Mon conseil est toujours le même : il faut éviter de s’en occuper. La raison est qu’on ne peut pas le faire.
- Le traitement médicamenteux fait appel aux neuroleptiques. Or je veux bien croire que les neuroleptiques agissent en empêchant le malade de penser des bêtises, mais pour l’essentiel ils agissent en l’empêchant de penser, et ce n’est pas ce qu’on souhaite à une vieille personne.
- Quant à l’attitude à avoir, elle se résume à un impossible dilemme : soit vous allez dans le sens du délire, et vous le renforcez, soit vous allez contre et, devenant complice du coupable, vous le renforcez.

Le problème, c’est quand le malade souffre de son délire (c’est le cas) ou quand il fait souffrir son entourage (c’est aussi le cas). Là, il faut trouver une autre stratégie.

Il ne faut pas oublier que la première cause de délire à cet âge reste la démence ; la plus fréquente de ces démences (quelle que soit la situation par ailleurs) est la démence de type Alzheimer. Il faut donc commencer par cette hypothèse. Plus loin derrière, il y a les autres formes de démence, notamment fronto-temporale ou mixte. Je n’insiste pas parce qu’en matière de démence la médecine fonctionne comme d’habitude : quand elle ne sait pas quoi faire elle classe, et moins elle sait quoi faire plus les classements sont précis ; habituellement ces constructions s’effondrent comme des châteaux de cartes quand on trouve des traitements efficaces. Mais je sais qu’il faut faire un bilan cognitif ; et que vous aurez beaucoup de mal à en persuader votre grand-mère. C’est important parce que les dégâts prévisibles des neuroleptiques sont pires chez le dément. Cela ne signifie pas qu’on ne les prescrira pas, mais il faut le savoir.

S’il n’y a pas de démence, alors il faut envisager, hypothèse la plus favorable, une dépression délirante, et ensuite un délire vrai, qu’il faudra se résigner à traiter.

Ajoutons que pour le principe il faut vérifier qu’il n’y a pas dessous une pathologie physique : beaucoup de situations peuvent, de manière très inattendue, provoquer des délires. La liste est longue et je ne la détaille pas, d’autant que :
- S’il y avait un trouble physique, en huit mois d’évolution on en aurait probablement vu quelque chose.
- Dans ces situations de délire organique, on trouve très souvent une démence dessous, ce qui renvoie à la problématique précédente.
Cela ne mérite qu’un scanner crânien, quelques investigations cardiologiques et un bilan sanguin un peu poussé. C’est dans ce type de situation très complexes que le gériatre trouve sa raison d’être.

Je reste à votre disposition.

Bien à vous,

M.C.

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici
  • Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.