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En réponse à :

Les troubles psychiatriques du sujet âgé

, par Michel

Bonjour, Franca.

Je ne peux vous répondre qu’avec prudence. D’abord parce qu’il faudrait avoir vu la situation pour pouvoir en parler ; je n’ai donc à vous offrir que mes intuitions. Ensuite parce que vous habitez en Belgique, et que je ne connais pas l’organisation du système de soins chez vous : par exemple j’ai hésité quand vous avez parlé de maison de soins et de repos : de quoi s’agit-il ? d’un service de soins de suite, ce qui suppose qu’on a encore quelque espoir de la faire progresser ? Ou plutôt, comme je le crois, d’une maison de retraite ?

Bref, je suis limité.

La séquence que vous décrivez est classique : il s’agit d’une vieille personne, qui allait somme toute assez bien jusqu’à ce qu’un épisode aigu vienne décompenser la situation. c’est alors qu’on s’aperçoit que les choses sont beaucoup plus précaires qu’on ne pensait, notamment sur le plan cognitif. Si nous étions en France (mais je ne sais pas ce qu’il en est chez mes confrères belges, je reprendrais volontiers l’expression : début de sénilité de type Alzheimer :
- Un début : dans la quasi totalité des cas que j’ai eus à connaître, ces soi-disant débuts correspondent à des formes avancées, et pas du tout débutantes. Ce qui donne l’impression d’un "début", c’est l’incroyable habileté de ces malades à cacher leur trouble. Et aussi la croyance de la part du médecin qu’en parlant ainsi il adoucit les choses pour les proches : certes il les adoucit, mais en brouillant le message.
- De sénilité : voilà à quoi on arrive quand on s’obstine à ne pas vouloir appeler les choses par leur nom : on ne comprend plus de quoi on parle. Et ce sera ainsi tant qu’on maniera cet insupportable politically correct au nom duquel on parle de sénilité, de personnes désorientées, quand on ne nous sert pas des syndromes cognitivo-mnésiques. Il s’agit d’une démence. Ce que nous avons à faire, ce n’est pas de changer le nom de la démence, c’est de changer le regard que nous portons sur elle.
- De type Alzheimer : je ne vais pas redire ce que j’ai mainte fois dit : il n’est pas prudent de parler d’"Alzheimer" à un âge avancé ; et surtout ce n’est pas utile. Ici au moins a-t-on parlé de "type Alzheimer", ce qui est correct.

J’observe d’autre part que vous écrivez : il a fallu se décider à la placer en maison de soins et de repos. Cette formulation me laisse supposer que cette décision a été prise par les proches de la malade ; si c’est le cas, ces proches ont jugé qu’elle n’était plus en état de décider pour elle-même, ce qui suppose qu’ils partagent le point de vue des médecins sur sa détérioration intellectuelle.

Si ce raisonnement (et je vous en redis la précarité : je parle de quelqu’un que je n’ai pas vu) est exact, alors :
- Comme il est habituel, elle ne s’est pas remise complétement de l’épisode précédent.
- Elle présente une nouvelle dégradation, qui peut être causée par une affection aiguë : l’infection urinaire est une bonne hypothèse, il y en a d’autres.
- De deux choses l’une : ou on se donne les moyens de trouver cette affection aiguë ou on ne se les donne pas Le problème ici est qu’elle sort de l’hôpital, et qu’il n’y a pas de raison de penser que la démarche diagnostique n’a pas été menée correctement. Il pourrait être utile d’informer les médecins de cette évolution décevante, mais sans trop s’illusionner sur les possibilités.
- Si tout se résume à une infection urinaire et une déshydratation, alors il y a bien peu à faire. Ne pas s’affoler trop vite, assurément, car comme le dit le médecin il arrive souvent que les déments présentent des confusions mentales quand ils font une maladie aiguë ; alors les choses rentrent dans l’ordre, même si c’est lent. Mais garder à l’esprit que, quelquefois, les choses ne s’arrangent pas et que tout se passe comme si le malade saisissait cette occasion d’abandonner le combat. On voit alors, et c’est très déstabilisant, des patients qui somme toute ne vont pas si mal, voire qui sont guéris, nous filer entre les doigts quoi qu’on fasse et sans explication.

Bref la seule option est de la réhospitaliser ; encore cela suppose-t-il qu’on ait des raisons de penser que le travail n’a pas été mené à son terme lors de l’hospitalisation précédente.

Mais je veux bien quelques précisions supplémentaires : il est trop difficile de parler ainsi sans savoir.

Bien à vous,

M.C.

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