Bonjour, et merci de ce message.
Très difficile de vous aider. C’est une situation assez fréquente, et beaucoup de vieilles personnes sont ainsi en proie à des délires de vol. Cela peut faire partie d’une démence de type Alzheimer (quand j’oublie où j’ai mis les choses, il m’est moins pénible de me dire qu’on me les a volées que de me dire que je perds la mémoire), mais pas nécessairement. Et c’est souvent, comme vous le soulignez, la simple mais insupportable aggravation d’une tendance de fond.
Mais que faire ?
Peut-on songer à la traiter discrètement sans le lui dire ? J’ai tendance à dire non pour trois raisons :
C’et éthiquement très difficile à soutenir. Pas impossible toutefois si on considère que sans ce traitement la situation va exploser et que c’est la malade qui en fera les frais. Ce qui est interdit c’est de traiter un malade contre son consentement dans le seul but de se simplifier la vie ; c’est tout le problème des somnifères donnés aux bébés.
Surtout, ça ne marche jamais.
Et si jamais elle s’aperçoit de quelque chose, vous allez vous retrouver dans une situation infernale.
Il faut donc considérer deux points.
Le premier, c’est elle : quand un malade délire, la question est de savoir s’il en souffre, ou s’il se met en danger. Si ce n’est pas le cas, alors il n’est pas du tout certain qu’on ait avantage à le traiter ; il faut savoir laisser les gens délirer quand cela n’a pas de conséquence dommageable.
Le second, c’est vous. Votre famille. Je demanderai d’abord si elle vit chez votre frère ou si c’est lui qui vit chez elle. Car il n’y a aucune raison pour que vous supportiez cette situation. Et de deux choses l’une :
Soit elle n’est pas en état de penser de manière droite et cohérente, et la question qui se pose est de savoir s’il faut la traiter contre son gré ; mais alors cela se fait, non à son insu, mais par contrainte.
Soit elle l’est, et alors il y a moyen d’exiger d’elle qu’elle garde son délire pour elle ; si par exemple elle est hébergée chez son fils, celui-ci peut (je dirais : doit) déclencher un affrontement et lui imposer des règles de conduite. Facile à dire. Et cela suppose qu’on ait préalablement éliminé une pathologie de type Alzheimer. Je crois tout de même que, surtout si en réalité elle est socialement dépendante de ses enfants, il y a moyen de la contraindre à se faire examiner.