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En réponse à :

Conduite à tenir devant une anorexie

, par Michel

Bonjour, Pascale.

Je comprends votre inquiétude et votre perplexité. Mais je ne suis pas certain d’avoir une solution.

Débarrassons-nous tout d’abord d’un point essentiel, la clé de tout sans doute.

Vous ne pouvez pas dire à la fois que votre père présente des troubles démentiels anciens, reconnus et traités et qu’il a toute sa tête. Ou bien il a toute sa tête et le diagnostic de démence est absurde, ou il est dément et il n’a plus une performance intellectuelle suffisante. Ce qui vous trompe c’est votre vision binaire des choses : dans la réalité quand on perd la tête on est loin de la perdre toute, partout et tout le temps ; devenir dément n’est pas devenir idiot, et le dément, même avancé, est capable de performances intellectuelles étonnantes, tout est affaire de circonstances. Mais ce point est essentiel car tout le problème est de savoir si votre père est capable ou non de décider pour lui-même.

Votre médecin a raison : ce qui va faire repartir la machine, c’est de le faire marcher, bouger, etc., bref, de le stimuler. Sauf que vous n’allez pas y arriver. Enfin… dans ma carrière les situations où mon pessimisme aura été démenti sont au moins aussi nombreuses que celles où c’est mon optimisme qui l’aura été.

Pour moi, ma grande question est de savoir s’il a ou non décidé quelque chose. Je vis, à tort ou à raison, avec la conviction que devant les choses essentielles de la vie, le dément n’est pas plus dément que vous ou moi, et qu’il peut parfaitement décider que ça suffit comme ça. Or, face à la vieille personne qui a décidé qu’elle ne se battrait plus, rien ne sert à rien, et elle parvient toujours à ses fins, c’est simplement plus long et plus pénible quand on s’oppose à son désir. Sans compter que j’espère bien que quand je déciderai cela on me fichera la paix ; car si on ne le fait pas, alors je change d’avis et je vote pour l’euthanasie.

Certes, il dit aussi qu’il n’a pas envie de mourir ; mais quoi de plus normal que cette ambivalence ? Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder en face, dit La Rochefoucauld.

Ce que vous avez à faire est donc très simple :
- Vérifier l’ordonnance : y a-t-il un ou plusieurs médicaments qui lui coupent l’appétit ?
- Dans quel état est sa bouche ?
- Où en est-il de sa dépression ?
- A-t-on éliminé les grandes situations gériatriques qui peuvent occasionner ce tableau (fécalome, infection urinaire, douleur, etc… la liste est longue mais tous les gériatres la connaissent) ?
Si c’est le cas, alors il n’y a rien d’autre à faire que ce que vous faites, et qui est très bien, e,n sachant que vous ne maîtriserez pas la suite.

Je reste à votre écoute.

Bien à vous,

M.C.

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