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En réponse à :

Le droit au risque chez la personne âgée

, par Dom

Oh, mais quelles perspectives ouvrent votre objection !

Aussitôt, m’est revenu le souvenir de cette anecdote : le petit garçon (5 ans, à l’époque) de la fille d’amis proches (autrement dit de la génération de mes petits-enfants, si j’en avais), alors que la petite famille était en visite chez moi, a cassé quelque chose auquel je tenais beaucoup, et avant même que je n’exprime ma contrariété et, oui, la souffrance que cela me causait, s’est réfugié dans les bras de son père en pleurant. Le père a consolé son fils "par un bisou", comme vous dites, et je l’ai mal pris : moi aussi je souffrais, et moi aussi j’avais le droit de l’exprimer, parce que c’est dans cette confrontation de la souffrance de chacun qu’on apprend la responsabilité de ses actes... Alors le père a proposé qu’on me fasse un câlin salvateur à moi aussi - et ça m’a rendue furieuse.

J’ai retrouvé cette colère devant la "faiblesse" de ma mère devenue démente, et l’indulgence qu’on manifestait envers sa perception du monde effondrée : ah, ces mots de son médecin traitant, après une longue consultation de plus d’une heure à la suite du décès de mon père, la raccompagnant à la porte de son cabinet, et me disant, tout à trac, "ah, au fait, excusez-moi, je ne vous ai pas présenté mes condoléances pour la mort de votre père", auxquels j’ai répondu sèchement, "visiblement, il y a des souffrances plus intéressantes que les autres...."

Bien sûr, je m’en veux de ces réactions, vis-à-vis d’un très petit garçon et d’une vieille dame en route vers la démence.

Mais je maintiens que l’absence de, ou l’altération, d’une perception "socialement équilibrée" de la notion de douleur (ou de souffrance) fait obstacle à ce qu’on accorde plein crédit à la plainte du malade qui dit souffrir ou s’ennuyer. Oui, c’est ce qu’il perçoit, peut-être. Mais que perçoit-il ? Quelque chose qui, précisément, a perdu toutes perspectives - ce que nous appellerions un simple inconfort "dans la vraie vie".

La question est alors de savoir pourquoi cette douleur (ou cette souffrance) mérite qu’on la prenne en considération. Oui, s’il est considéré comme essentiel d’éviter toute douleur et toute souffrance à son prochain. Non, si la douleur et la souffrance est considérée comme consubstantielle à la vie.

En fait, je ne sais pas, je n’ai pas la réponse. Il m’est pénible de penser que ma mère puisse "souffrir", et j’aimerais que cela lui soit épargné. D’un autre côté... je me dis (aveu atroce) que c’est trop facile, qu’elle s’en tire à bon compte - et je ne peux m’empêcher de penser à certaines de vos remarques, Dr Cavey, suggérant que la démence est peut-être le "moyen" que trouve certaines personnes pour échapper à une réalité qui leur est devenue insupportable.

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