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En réponse à :

L’alimentation du sujet âgé

, par Michel

Bonsoir, Lore.

Votre question est caractéristique, et va me permettre quelques commentaires, mais pas forcément ceux que vous attendez.

En premier lieu je vous parlerai de votre statut. Car la question que vous posez, par exemple sur la gastrostomie, est pertinente, mais :
- Vous êtes en stage, et vous n’êtes pas en situation de remettre en cause la pertinence du plan de soins.
- D’autant que vous ne savez pas si cette question n’a pas été déjà débattue en équipe, comment ce débat s’est déroulé, à quels conflits, quelles souffrances il a donné lieu.
- Par ailleurs vous faites partie d’une équipe, et vous ne pouvez pas vous retirer du plan de soins qui a été élaboré en commun. Il est très difficile de l’admettre, mais les faits sont que c’est l’équipe, et non chacun de ses membres, qui est efficace.
Cela dit, si l’équipe consent à vous dispenser de ce soin, la question est résolue.

En second lieu la manière dont vous présentez les choses est très éclairante : à l’heure où l’on veut interdire le gavage des oies et canards ; ce qui vous choque c’est l’image renvoyée par la technique. Mais… c’est une mauvaise raison de critiquer la méthode (je passe sur le fait que, amoureux comme je le suis du foie gras, j’espère bien qu’on va s’abstenir de cette sottise que serait l’interdiction du gavage). Je veux dire que votre rôle de professionnelle est précisément de ne pas vous laisser influencer par l’image que donne telle ou telle situation : ce qui doit guider votre action, c’est et ce n’est que l’efficacité.

Mais en troisième lieu vous avez raison, même si ce n’est pas exactement comme vous le pensez. Car la seringue de gavage pose essentiellement le problème de ses dangers, qui sont de deux ordres :
- Le risque de lésion de la muqueuse buccale, problème connu, documenté et très fréquent.
- Et bien plus encore le risque de fausse route. Car la meilleure manière de provoquer une fausse route est d’introduire un aliment, surtout liquide, dans la bouche d’un patient qui ne s’y attend pas et qui n’a pas eu le temps de préparer sa déglutition.
Ce n’est pas pour des raisons symboliques qu’il faut éviter la seringue de gavage, c’est pour des raisons de sécurité.

En quatrième lieu il existe une excellente solution alternative : c’est le biberon. Les choses s’y passent exactement comme avec la seringue sauf que c’est le patient qui commande l’arrivée de l’aliment dans sa bouche, et que de ce fait le risque de fausse route est pratiquement supprimé ; d’autre part la tétine n’est pas traumatisante.

Mais vous voyez immédiatement que vous aurez à affronter un jugement très négatif : donner le biberon à une vieille personne, c’est dégradant, n’est-ce pas ? Sauf que cela n’a aucun sens.
- Parce que la question n’est pas de savoir si c’est dégradant, mais si c’est efficace.
- Et parce que les soignants qui trouvent dégradant de donner le biberon à une vieille personne n’ont aucun état d’âme quand il s’agit de lui mettre une couche…

Bien à vous,

M.C.

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