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En réponse à :

Le grabataire en fin de vie

, par Michel

Bonsoir, Michèle.

Je comprends que vous soyez perdue.

Il y a d’abord les faits : une dame de très âgée qui se retrouve grabatisée et dénutrie. Je n’ai pas vu la situation, mais n’importe qui serait très pessimiste sur l’évolution. Si on voulait tenter quelque chose, il faudrait probablement envisager rapidement une hospitalisation en gériatrie, à la recherche d’une hypothétique pathologie à la fois méconnue et curable. Personne n’y croit. Il faudrait aussi traiter, par principe, une dépression, à supposer que cela n’ait pas déjà été fait.

La réalimenter, il ne faut pas y songer : si rien ne change, si on ne trouve pas, par miracle, une cause sur laquelle on pourrait agir et dont la guérison inverserait le cours des choses, vous n’arriverez à rien. Contrairement à ce qu’on croit les besoins nutritionnels sont les mêmes chez toutes les personnes, qu’elles soient jeunes ou âgées, valides ou grabataires, et ce que vous faites n’est pas efficace et ne peut pas l’être. Cela ne signifie nullement qu’il faille cesser : ce sont des moments précieux en termes de relation. Mais biologiquement c’est peine perdue.

Si nous supposons qu’il n’y a aucune explication physique à ce qui se passe, alors il est tentant (je dis bien : tentant, et ce peut être un piège : n’oubliez jamais que je parle d’une situation que je ne connais pas) de lire l’histoire de manière très simple.

Le point de départ du raisonnement est quelque chose à quoi je crois beaucoup : les déments, même les plus profonds, quand ils sont confrontés aux questions touchant à la vie et la mort, sont d’une lucidité extraordinaire. Et l’hypothèse que je privilégierais est que votre mère est en deuil, que d’une manière ou d’une autre elle le sait, et que sa décision, mystérieusement, est prise.

Que faire ? Franchement (et toujours avec la même réserve lie au fait que je ne l’ai pas vue), rien.

Le médecin a très probablement raison : elle se laisse glisser, et je doute que quelque chose puisse arrêter cette glissade.

Accepter l’idée que vous ne pouvez rien faire. Accepter l’idée qu’elle exprime une volonté. Trouver le moyen de lui faire entendre que vous souhaitez de tout votre cœur qu’elle reprenne goût à la vie, mais que si c’est sa décision vous vous y soumettrez. Ne pas la quitter, le moins possible. Lui proposer tous les petits plaisirs auxquels vous pouvez songer. Et essayer de mettre de la paix dans cette triste situation.

Il n’y a pas de solution médicale réaliste pour la réalimenter. Je ne sais pas s’il faut l’hydrater : le fait qu’elle a des œdèmes fait penser que si on rajoute de l’eau cela servira surtout à alimenter les œdèmes, et que le mieux est donc de ne pas le faire ; se souvenir que la sensation de soif dépend avant tout de l’état de la bouche, et que c’est donc la bouche qu’il faut humidifier.

Je reste à votre écoute.

Bien à vous,

M.C.

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