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En réponse à :

Le grabataire en fin de vie

, par Michel

Bonsoir, Claudine.

Je ne peux vous répondre que dans l’absolu car, comme je tiens à le répéter, je ne connais pas la malade.

Mais dans l’absolu, je serais plutôt de votre avis : décider de ne pas annoncer à un malade le décès d’un proche, c’est prendre position à la place du malade, et cela pose la question du respect de sa liberté, c’est, comme vous l’écrivez si justement, le priver d’une partie de son histoire. Et j’ajoute deux points :
1°) : Je n’ai jamais vu une vieille personne se laisser mourir, ou déclencher une maladie grave, à la suite d’une mauvaise nouvelle. On vit là sur des schémas hérités des romans du XIXe siècle, dans lesquels il y a toujours un malade fragile qu’il faut ménager "parce que la moindre émotion le tuerait" ; mais cela, c’est dans les romans du XIXe siècle. Cela ne s’est-il donc jamais produit dans la vraie vie ? Jamais n’existe pas en médecine ; mais c’est si rare que la question qui nous est posée est de savoir si on peut bâtir une stratégie sur la perspective d’un événement aussi improbable.
2°) : Si encore il n’y avait pas de danger à se taire, on pourrait dire que le risque, même faible, ne doit pas être pris. Mais de deux choses l’une :
- Ou bien on considère que l’espérance de vie de la malade est très courte, et alors l’idée de "la préserver le plus longtemps possible" perd de sa pertinence : il n’est pas éthiquement simple de décider qu’à l’heure où la seule chose importante qui lui reste à faire est de tirer les conclusions de sa vie, elle sera privée d’une information essentielle (car si elle n’est pas essentielle, si le décès de sa sœur est tenu pour un événement peu important, parce que, par exemple, leurs liens étaient distendus, si c’est cela, alors que craint-on à le lui révéler ?).
- Ou bien on considère que son espérance de vie est encore notable, et dans ce cas il est illusoire de penser qu’elle ne finira pas par savoir ou comprendre que quelque chose s’est passé. Et on aura compromis la seule chose importante : la confiance qu’elle a mise en ses proches.

Je crois donc que le risque de ne pas dire est plus grand que celui de dire. Après, il faut considérer la personne elle-même, cela pourrait nuancer cette conception.

Bien à vous,

M.C.

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