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En réponse à :

Le grabataire en fin de vie

, par Michel

Bonsoir, Jean-Paul.

La situation est très délicate, en effet. Elle m’inspire cinq remarques.
- Les douleurs de type neurologique sont les seules qui ne réagissent pas correctement à des doses adéquates de morphine. Il faut utiliser d’autres produits, et c’est un exercice compliqué. Si le résultat n’est pas suffisant la première question à se poser est de savoir si on a demandé l’aide intellectuelle d’un médecin de la douleur.
- Cela dit vous remarquez que les douleurs sont largement provoquées par les mobilisations. Cela se produit, et s’il y a des métastases cervicales on en comprend parfaitement la cause. Je doute qu’on puisse s’en tirer avec un collier cervical, car même les petits mouvements peuvent être douloureux. Par contre il est dommage qu’on ne puisse passer outre l’interdiction de fumer dans la chambre : de nombreuses équipes acceptent de fermer les yeux, au besoin en exigeant du patient qu’il y ait quelqu’un en sa compagnie quand il veut fumer. Si rien n’est possible et si le manque est un problème, il n’y a pas de raison de ne pas lui donner les traitements qu’on donne aux fumeurs en sevrage.
- Il est difficile de savoir dans quelle mesure son état psychologique influe sur ses douleurs. Souvent quand le malade arrive à parler de ce qu’il vit on observe une diminution des douleurs. Mais s’il ne veut pas en parler, il n’y a guère de moyen de l’y conduire ; je suppose qu’il bénéficie d’un soutien psychologique spécialisé ; sinon il le faut. Quant à savoir s’il a compris la gravité de son état, je persiste à penser que le malade a toujours compris tout ce que vous auriez compris si vous étiez à sa place.
- Quoi qu’il en soit, s’il ne veut pas parler, vous ne pouvez pas forcer le passage. Autant je crois que la tendance actuelle, qui est de se montrer très timoré face à toute "attitude intrusive" (c’est le terme à la mode) est discutable (en particulier parce qu’elle fait l’impasse sur ce que souffre le malade qui, ayant compris ce qui se passe mais ne parvenant pas à en parler, se trouve confronté à des gens qui ne lui tendent aucune perche et font comme si rien ne se passait), autant je crois qu’il n’est pas permis d’aller là où le malade ne veut pas aller. Si donc vous n’avez jamais menti, et si vous êtes prêt à assumer ce qui pourrait se dire, alors vous avez rempli votre mission, et le reste lui appartient. Ce silence est le sien, ce n’est donc pas de l’ordre du mensonge. Mais c’est très difficile à supporter.
- Naturellement, si les choses sont à ce point difficiles, une solution serait de pratiquer une sédation, de manière à diminuer son niveau de présence au réel ; mais en l’absence d’indication de sa part cette décision ne peut éthiquement être prise.

Merci de me donner de vos nouvelles.

Bien à vous,

M.C.

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