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En réponse à :

Le grabataire en fin de vie

, par Michel

Bonsoir.

Si je m’en tiens à ce que vous dites (mais il se peut que votre désarroi vous fasse perdre une partie de votre objectivité) nous sommes face à une situation de fin de vie.

Ici comme dans toute autre circonstance, il faut être très prudent avant de se prononcer.

Mais dans l’absolu, le problème de la contention reste posé. Et je demanderais volontiers pourquoi votre beau-père s’arrache sa sonde urinaire.

Pour de multiples raisons la sonde urinaire est tout ce qu’on veut sauf un élément de confort. Dans ces conditions il y a trois types de situation :
- Les malades qui ne la ressentent pas (par exemple les paraplégiques) ; il n’y a pas de problème, mais ces situations sont rares.
- Le gros des malades, qui endurent leur sonde parce qu’il le faut bien.
- Et puis il y a ceux qui ne la supportent pas, notamment parce que, ne comprenant pas pourquoi ils l’ont, ils n’ont aucune raison de faire l’effort de la supporter. Ce sont eux qui nous montrent le mieux qu’une sonde urinaire est un objet très déplaisant. Et qui nous imposent d’être très avares de sondage. Or l’expérience courante montre que dans de très nombreux cas la sonde urinaire n’est pas indispensable ; elle ne l’est que dans les rares cas de rétention urinaire chronique inaccessible à toute autre prise en charge. Mais comme ces questions d’urologie sont très méconnues, on ne compte plus dans la pratique les sondes à demeure qu’on laisse parce qu’on n’a pas pensé qu’on pouvait les enlever.

Quelle est la situation de votre beau-père ? Je n’en sais rien et n’en peux rien savoir. La rétention d’urine est fréquente chez le parkinsonien, il est rare qu’elle soit chronique. Par ailleurs il se peut que son état intellectuel ne lui permette pas de comprendre la nécessité du sondage.

En attendant nous sommes dans une situation où il doit supporter l’inconfort de la sonde et l’inconfort de la contention. Cela fait beaucoup. D’autre part je suis prêt à dire que le malade qui s’arrache ses tuyaux est souvent un malade qui n’en veut pas, je veux dire qu’il exprime par là une volonté de ne plus vivre.

C’est le raisonnement qui me semble s’imposer quand on pose une sonde gastrique d’alimentation à un malade dément. Je crois que s’il se l’enlève, il faut en remettre une deuxième ; mais s’il s’enlève la deuxième, alors il faut envisager sérieusement que, peut-être il nous signifie par là son refus d’être alimenté : devenir dément n’est pas devenir idiot, et ces malades sont souvent très lucides devant les grandes questions, notamment la mort.

Bref, en ce qui concerne votre beau-père, nous savons qu’il est en situation d’inconfort, et nous avons des raisons de penser qu’il nous dit sa volonté (et je dis bien : des raisons de penser ; il se peut qu’il y ait des raisons de penser le contraire, je ne suis pas sur place). Si donc vous analysez correctement la situation en le présentant comme en fin de vie, la question devient : comment assurer au mieux son confort ?
- Si on enlève la sonde et qu’il se met en rétention d’urine, il va avoir des souffrances insupportables.
- D’un autre côté la situation est telle qu’il vaut peut-être la peine d’essayer. Au pire on sera quitte pour en remettre une.
- Si la sonde ne peut être enlevée, si les perfusions sont toutes nécessaires, alors il me semble justifié d’envisager une sédation médicamenteuse, pour qu’au moins il supporte la situation. Cela demande de la pratique, du doigté, mais cela mérite d’être proposé.

Mais je vous le redis : ce n’est là qu’une analyse générale d’une situation générale, et rien ne dit qu’elle correspond à la situation concrète qui est la vôtre.

Bien à vous,

M.C.

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