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En réponse à :

> Le grabataire en fin de vie

, par Michel

Bonsoir.

Le problème que vous posez est particulièrement difficile. A la limite on pourrait considérer qu’il sort du sujet, car quand on parle d’un grabataire on sous-entend toujours qu’il s’agit de quelqu’un qui ne peut plus se lever. Celui qui ne veut plus se lever, c’est Alexandre le bienheureux, c’est un cas à part.

Du point de vue du risque c’est important à considérer. Car le grabataire se met en danger non parce qu’il est couché mais parce qu’il ne bouge plus, ce qui n’est pas exactement la même chose. Considérez par exemple le risque d’escarre. Si vous et moi nous n’avons pas d’escarre c’est parce que nous effectuons en permanence des micro-mouvements, dont nous ne sommes même pas conscients mais qui nous protègent. Il est probable que votre mère a conservé cette capacité de micro-mouvements, car c’est une fausse grabataire. De même elle a sûrement gardé un bon système de nettoyage de ses poumons, et c’est pourquoi elle ne se surinfecte pas. En somme elle se met en danger parce qu’elle ne fait aucun exercice physique, elle risque de devenir grabataire, mais pour le moment elle ne l’est pas.

Ensuite il faut essayer d’interpréter son comportement.

Nous sommes tous conditionnés à penser que celui qui adopte un comportement hors normes est nécessairement anormal. Par exemple nous croyons qu’il est toujours anormal de vouloir mourir, nous croyons que tout humain veut toujours vivre ; du coup tout humain qui veut se suicider est nécessairement un malade dépressif. Pour ma part je n’en suis pas tout à fait sûr ; tout ce que je sais c’est que mon devoir de professionnel est de lutter pour éviter le suicide.

Alors que penser de votre mère ?
- Il se peut que nous ayons affaire à une malade Alzheimer passée inaperçue ; c’est monnaie courante.
- Il se peut qu’elle fasse un trouble psychiatrique, dépression ou autre.
- Il se peut aussi qu’il s’agisse de l’exagération d’un trait de caractère.
- Les gérontopsychiatres décrivent des troubles psychologiques spécifiques de la personne âgée, et il existe des tableaux de ce type. J’ai une référence quelque part, mais je ne sais plus où.
Tout ceci conduit tout de même à demander un avsi gériatrique, encore le faudra-t-il pointu.

Restera à se demander si elle n’est pas en train d’exercer sa liberté. Cela suppose qu’on accepte l’idée qu’il pourrait être normal pour un humain de renoncer à la verticalité. J’ai tout de même des doutes. Mais dans ce cas la seule ressource serait de signifier à votre mère que certes elle a le droit de ne pas vouloir se lever, mais qu’alors elle en assume les conséquences, et que vous n’avez pas à vous laisser esclavagiser. Mais j’ai l’impression qu’une telle épreuve de force est vouée à l’échec.

Bien à vous,

M.C.

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