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En réponse à :

6 mois après

, par Michel

Bonjour, Jean-Marc.

Je partage sans réserve la fin de votre analyse : oui, il y a un lien entre ce qui se passe en maison de retraite et la manière dont nous pensons ce qu’est une vie bonne. Oui, notre civilisation occidentale est en train de mourir, et si elle meurt la cause n’en est pas dans une quelconque invasion migratoire mais dans un égoïsme forcené qui nous pousse à oublier que le but de la vie n’est pas à rechercher dans un « besoin de voyages, de choses achetées pour faire mieux que les autres à crédit et hors de prix etc. ». Ce n’est pas l’étranger qui menace nos valeurs, c’est nous-mêmes. Et ceux qui se cramponnent aux « racines chrétiennes de l’Europe » feraient mieux, au lieu de se demander pourquoi les mosquées se remplissent, de se demander pourquoi les églises se vident.

Je nuancerais seulement le début de votre mail. C’est important car nous avons besoin de toute notre lucidité.

Je crois qu’il y a peu de gens qui « abandonnent par lâcheté leurs parents en maison de retraites sans aller les voir ou peut-être de temps en temps » ; et parmi ceux-ci il faut faire le compte :
- De ceux qui se sont épuisés dans le maintien à domicile.
- De ceux qui n’ont pas la possibilité de se déplacer.
- De ceux qui sont dans une souffrance majeure.
- Et je ne parle pas de ces vieilles personnes qui se retrouvent seules aussi parce qu’elles ont puissamment œuvré à dégoûter tout le monde.

Je crois qu’il y a des professionnels qui « sont davantage préoccupés par leur planning que par quelques témoignages de compassion envers nos aînés ». Mais ils sont rares. Plus nombreux sont ceux qui sont mal formés, ou épuisés. Ajoutons que les plannings sont une question majeure : n’oublions pas que ces professionnels sont très souvent jeunes, et que les moments où leurs résidents ont besoin d’eux sont aussi les moments où leurs propres enfants ont besoin d’eux ; difficulté aggravée par le fait qu’ils sont très mal payés (et que, contrairement à ce qu’on raconte, les sommes en jeu sont colossales et ne produisent pas d’effet économique, une dépense ne sera jamais une recette).

Je crois enfin qu’on aurait tort d’idéaliser le passé. Non seulement parce que si, jadis, « nos anciens (mes grands-parents) gardaient leur papa et leur maman à domicile jusqu’à la fin », c’est parce qu’ils pouvaient le faire (question cruciale, entre autres, de la surface des logements), et parce que les solutions alternatives étaient rares ; mais encore parce qu’on ne serait pas très long à trouver, même à cette époque, des exemples de vieilles personnes abandonnées.

Mais ces réserves faites, qui me sont importantes, je souscris.

Bien à vous,

M.C.

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