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En réponse à :

Le grabataire en fin de vie

, par Michel

Bonjour, Virginie.

Je me demande si vous vous rendez compte de ce que vous attendez de moi. Il est certes très dommage que les médecins ne vous disent rien, mais eux, au moins, ont vu votre mère ; que vais-je dire, moi qui ne la connais pas ?

Ne ferais-je pas mieux de me taire ?

Cependant si vous en acceptez le risque, je vais essaye de raisonner.

Nous avons affaire à une dame âgée, même si elle ne l’est pas tant que cela. Elle présente trois défaillances d’organe majeures, cardiaque, respiratoire, rénale. Ces défaillances ne sont pas susceptibles de s’améliorer. La situation est devenue instable, avec quatre défaillances en un peu plus d’un an. Et la dernière crise a été particulièrement grave.

Dans ces conditions on ne s’avance guère en se disant que les choses vont mal, et que cette situation est terriblement précaire.

Je suis ennuyé de cette tension qui ne remonte pas. J’espère me tromper, mais cela se voit notamment quand le cœur est en grande difficulté. Mais si c’est le cas alors il y a bien peu à faire. Donc le cœur ne s’améliore pas, la respiration non plus, pour le rein la dialyse suffit.

Il faudrait savoir ce que vous entendez par la mettre en gériatrie. Il y a des services de médecine aiguë gériatrique, services de pointe dans lesquels on pratique une approche technique adaptée à la gériatrie. Et il y a des services de soins de suite gériatriques où la finalité est davantage de sauver ce qui peut l’être. C’est ce point qu’il faut élucider pour comprendre ce que pensent les professionnels :
- Dans le premier cas on demande aux gériatres de conduire le traitement de manière la plus adaptée à la personne âgée.
- Dans le second cas on a jeté l’éponge et on demande aux gériatres de sauver ce qui peut l’être.

Vous demandez donc si votre mère s’en sortira. Sur les éléments dont je dispose j’en doute. Il se peut que les choses s’améliorent à court terme, mais c’est loin d’être le plus probable. Quant au moyen et long terme, c’est encore plus aléatoire. Tout ce qu’on peut dire, c’est qu’il existe des cas de stabilisations inattendues.

Quant au silence des médecins, je ne sais pas ce que je pourrais vous en dire ; il y a trois pistes essentielles :
- La première est qu’il y a des gens hautains ou timides.
- La seconde est qu’il y a des médecins, et c’est mon cas, qui considèrent qu’ils sont tenus de répondre à toutes les questions qu’on leur pose et à aucune de celles qu’on ne leur pose pas. C’est d’autant plus impérieux quand il s’agit de discuter avec la famille. La famille n’est pas le malade, le médecin n’a pas à discuter avec la famille. Bien sûr dans la pratique nous le faisons, mais sauf cas très particuliers il est sage d’attendre que ce soit la famille qui prenne l’initiative de la rencontre. Peut-être les médecins vous attendent-ils ?
- La troisième enfin est incroyablement banale, et je l’ai vécue plus d’une fois : il s’agit de ces cas où nous disons les choses, nous les disons très clairement, mais ce que nous avons à dire est si dur, si violent que ce n’est pas entendable. Quand nous nous en apercevons, nous pouvons essayer d’y remédier, mais ce n’est pas toujours le cas. Ce qui se produit alors c’est que la famille se plaint que les médecins ne lui disent pas, ou lui cachent des choses qu’ils lui ont pourtant parfaitement exprimées mais qu’elle n’était pas en mesure de recevoir.
Mais ce qu’il en est au vrai dans votre cas, je ne le sais pas. Je crois que le mieux serait de prendre rendez-vous avec les médecins et les requestionner.

Bien à vous,

M.C.

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