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En réponse à :

Le grabataire en fin de vie

, par Michel

Bonjour, Françoise.

Vous racontez là quelque chose de bien difficile. Difficile à vivre, mais aussi à analyser, car se mêlent deux problématiques : celle du deuil et celle de la pathologie.

Sur ce qui vous écrivez il est impossible de faire la part des choses, et notamment de dire quelle est l’importance de l’accident vasculaire cérébral. Tout ce que nous savons c’est qu’elle est confinée au lit ; mais vous ajoutez qu’elle veut se lever et que seule sa faiblesse le lui interdit. Est-ce à dire qu’elle aurait suffisamment récupéré sur le plan neurologique ? Vous dites aussi qu’elle fait des fausses routes, mais seulement depuis une quinzaine de jours. Est-ce une conséquence de sa paralysie ? Ou bien fait-elle des fausses routes parce qu’elle n’est pas suffisamment bien installée quand elle mange ? Je ne peux rien savoir de tout cela.

Mais vous dites à la fois qu’ « elle se laisse glisser » depuis le décès de votre père, et que pourtant « elle se bat pour ne pas mourir ». En soi cette contradiction n’est pas inhabituelle : un très grand nombre de vieilles personnes disent qu’elles veulent mourir mais s’inquiètent au moindre bobo ; c’est qu’on peut vouloir quelque chose tout en le redoutant ; pour le dire trivialement, je rêve de faire du deltaplane ; quant à me mettre sur la machine…

Toutefois cela complique les choses car il en devient difficile de dire ce qui dans son évolution revient :
- Au deuil, qui pourrait s’améliorer.
- A une décision de ne pas continuer la vie dans ces conditions.
- A la pathologie survenue depuis.

Et la réponse à ces questions conditionne l’idée qu’on peut se faire du pronostic à court terme. C’est aussi pourquoi les professionnels s’attendent à un décès imminent alors qu’il ne se produit pas. Et du coup cela peut vous expliquer la contradiction : oui, elle est en fin de vie, et il est peu probable qu’elle retrouve un niveau de santé acceptable. Pour autant cela ne doit pas vous dissuader de lui donner à manger si elle le réclame ; allons plus loin : si le pronostic vital est engagé, c’est une raison de plus pour prendre quelques risques, y compris du côté des fausses routes. Le tout est de ne pas la fourvoyer dans une entreprise illusoire ; et de ne pas vous fourvoyer vous-même.

Elle résiste à la mort qu’elle appelle pourtant. C’est normal. Peut-être pourrait-on essayer un tranquillisant, avec le risque, mais vous le verrez bien, qu’elle résiste à cette entreprise sédative si elle a peur, précisément, de lâcher prise.

Il est bon que vous essayiez de tenir le projet de la garder à domicile. Mais vous devez aussi avoir en tête qu’elle n’approuverait certainement pas une stratégie qui vous imposerait un poids trop lourd.

Je reste à votre écoute pour préciser tout cela.

Bien à vous,

M.C.

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