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L’escarre : le soin

, par Michel

Bonjour, Chantal.

Il est beaucoup trop dangereux de faire des diagnostics sur des malades qu’on n’a pas vus. Je vais donc me borner à vous répondre d’un point de vue purement théorique.

Ma mère a 86 ans, elle n’est pas vraiment dépendante,

Hum… Qu’entendez-vous par là ? Voyons cela :

mais une infirmité au bras gauche l’empêche de changer de position et elle dort constamment sur le dos. Le reste du temps elle est assise.

Elle est donc, dans la pratique, confinée au lit-fauteuil. C’est une dépendance lourde. Ce qui serait important, c’est de savoir si elle marche : une infirmité au bras n’empêche pas de marcher, une fois qu’on a réussi à se mettre debout. Sinon c’est qu’il y a autre chose.

Elle a toujours eu une très bonne hygiène et malgré les couche culotte qu’elle porte la nuit n’a jamais eu d’escarre.

Pourquoi a-t-elle des couches ? Ce peut être par nécessité, par exemple parce qu’elle ne peut plus se lever seule et qu’elle trouve plus pratique d’avoir des changes. Mais alors cela veut dire qu’elle n’a vraiment plus aucune mobilité. Sinon, s’il y a d’autres causes à son incontinence, c’est une raison supplémentaire de penser que sa dépendance est lourde.

Il y a cinq semaines alors que je venais d’être hospitalisée quinze jours je la retrouve avec une escarre de la taille d’un petit pois.

je n’ai pas compris que les infirmières venant matin et soir pour lui faire sa toilette le matin et pour la coucher le soir avec un toilette du soir aient pu laisser les choses en arriver à ce stade....

Il est toujours possible que se produise un défaut de surveillance. Mais ce n’est nullement nécessaire ; il s’agit de malades qui sont dans une situation très instable, on ne sait pas exactement ce qui fait que la situation se décompense, et une escarre peut se produire en quelques heures. C’est toujours une surprise ; ajoutons que quand l’escarre apparaît les dégâts sur la peau sont toujours plus étendus que ce qu’on voit, ce qui fait qu’elle ne peut pas ne pas s’étendre ; cela ne signifie pas qu’elle s’aggrave, mais simplement qu’elle se révèle.

Ma préoccupation aujourd’hui c’est que depuis cinq semaines les choses n’ont pas évolué. Ça n’a pas empiré du moins en apparence mais il n’y a pas d’évolution dans le sens d’un éventuel bourgeonnement.

Et il n’y a aucune raison pour que cela s’améliore si on n’a aucun moyen de lutter contre les mécanismes qui ont provoqué la survenue de l’escarre (voyez sur ce point « l’escarre : une maladie générale »). Or je ne sais pas ce qui, dans le cas de votre mère, est améliorable et ce qui ne l’est pas ; mais les soins locaux seront d’une efficacité très limitée si le reste n’est pas améliorable.

La première semaine du traitement l’une des infirmières à domicile avait prescrit un hydrocolloïde (duoderm sacrum) qui était effectivement surdimensionné par rapport à la taille de l’escarre.

Quel était le problème ? le fait que le pansement soit grand n’a aucune influence sur l’évolution ; la seule difficulté viendrait d’un pansement trop petit.

Celle-ci prenant sa semaine de congés l’infirmière qui prend la relève ne parvient pas à utiliser le pansement enduisant le fessier de biafine ce qui a eu pour effet de rendre le pansement non adhérent la plaie se retrouvant ainsi sans protection.

En effet : c’est Biafine ou hydrocolloïde, mais certainement pas les deux ensemble.

Me sentant très inquiète je me rends au centre de gérontologie pour demander conseil et l’on me suggère "Alevyn adhésive" avec de l’Intrasite gel".

C’est une bonne idée, mais qui n’a ni plus ni moins d’intérêt que la première.

On suit ce protocole pendant une semaine en attendant d’avoir un rendez-vous avec un dermatologue qui nous indique le protocole suivant suite aux résultats d’analyse d’un prélèvement qui révélaient : (nombreuses hématies, nombreuses colonies de streptocoques du groupe D, nombreuses colonie d’escherichia coli).

C’est une situation habituelle, et ces germes sont ceux qu’on trouve sur n’importe quelle escarre.

NETTOYAGE DE LA PLAIE A LA BETADINE, PUIS BETADINE CREME SUR LA PLAIE, PANSEMENT "ALLEVYN ADHESIVE" à renouveler tous les jours pendant quinze jours.

Je l’ai écrit : en principe il ne faut pas désinfecter les escarres, car ce sont les germes qui en assurent le nettoyage. On n’agit que sur les escarres notoirement infectées, et personnellement je préfère toujours dans ce cas utiliser des antibiotiques par voie générale. Je ne peux donc vous répondre sur ce point, car si le dermatologue a conseillé cette stratégie, c’est qu’il a vu des choses que, et pour cause, je n’ai pas vues.

Au bout de dix jours la première infirmière qui reprenait son tour pour une semaine me dit vouloir interrompre le protocole car la plaie présentait toujours de la fibrine et décide d’appliquer du Purilon non seulement sur la plaie, mais en abondance sur toute la zone recouverte par le pansement. Plongée dans l’inquiétude je rappelle le dermato qui me dit que pour ce genre de problème il a l’habitude de voir les gens au bout d’un mois et demi d’autant qu’il doit partir en vacances ET DEMANDE A CE QUE INFIRMIÈRE LE RAPPELLE.

Ce que le dermatologue vous rappelle ici, c’est qu’il ne sert à rien sur une escarre de vouloir aller vite ; six semaines sont malheureusement un délai habituel, et le pire qu’on peut faire est de changer de stratégie trop souvent.

Je ne sais pas ce qui s’est dit exactement l’infirmière avait l’air de dire qu’il l’avait dénigré et lui avait demandé de gratter la fibrine pendant dix jour après application d’une crème anesthésiante, ce qu’elle s’est refusée à faire disant que ma mère ne supporterait pas et me disant que c’était à lui de le faire.

Oui et non. Si la crème anesthésiante est bien appliquée la douleur sera très faible. Par contre il y a un risque d’allergie ; par ailleurs j’ai toujours détesté gratter les escarres, d’une part parce que c’est peu efficace, d’autre part parce que ces manœuvres augmentent le risque de passage des bactéries dans le sang.

Je décide donc d’aller voir un autre dermato dans la même petite ville où nous habitons et celui-ci m’avoue être désorienté parce qu’il n’a pas l’habitude de traiter ça et qu’il n’est pas équipé pour ça mais me prescrit malgré tout le pansement dernier cri d’URGO "CELLOSTAR" utilisé en fait en phase de bourgeonnement ou d’épidermisation.

Je ne suis pas du tout sûr que ce soit une affaire de traitement. Sur ce que vous me dites, je n’ai pas d’argument pour penser qu’il y a mieux que l’hydrocolloïde de départ.

Ne sachant plus à quel saint me vouer j’ai pris contact renommé chez-nous avec un "spécialiste de la cicatrisation" après qu’il m’ait été dit que c’était le seul centre où cela se pratiquait.

Le rendez-vous n’étant que pour la fin du mois j’ai fait des recherches sur internet pour savoir s’il n’y avait pas des endroits spécialisés dans le domaine et j’ai trouvé le SITE PERSE énumérant les centres anti-escarres dans les différentes régions. J’ai pu obtenir un rendez-vous pour demain. J’ose espérer que le médecin qui nous recevra sera en mesure de nous aider car les infirmières sont dépassées et je suis très fatiguée suite à une hémorragie cérébrale que j’ai eue il y a quelques mois. Si ce n’était pas le cas est-ce que vous pourriez nous aider s’il vous plait ?

Il n’est pas grave d’attendre un mois sur une situation qui, certes, ne s’améliore pas, mais semble stabilisée : la cicatrisation d’une escarre est toujours très longue, et ne dépend guère de ses dimensions.

La difficulté semble venir du fait que la plaie qui doit faire un demi-centimètre de largeur tout à fait ronde d’une profondeur de 2 millimètres ne permet pas le contact direct du pansement avec la fibrine et on ne parvient pas à l’éliminer.

Ceci est très surprenant : car cette escarre est petite et peu profonde. Il est étrange qu’une plaie aussi superficielle pose autant de problèmes ; êtes-vous sûre de vos mensurations ?

Ce soir l’infirmière me disait de voir avec le médecin si on peut utiliser éventuellement une mèche, mais j’ai vu qu’il existait des poudres et des pâtes est-ce que ceci ne pourrait pas nous aider ?

Non ; ce n’est pas une affaire de produits. Je me demande si les pansements ne sont pas changés trop souvent ; il est impératif de les laisser en place jusqu’à ce qu’ils se décollent tout seuls ; un bon signe d’efficacité est le fait que, quand on retire le pansement, il sent horriblement mauvais.

J’ai fait des photos que je dois envoyer à un laboratoire je peux éventuellement vous les envoyer.

Pourquoi pas ? Mais ceci ne vaudra jamais l’examen que le médecin fait au lit du malade.

Je vous remercie de l’attention que vous pourrez porter à notre cas. Chantal Gaddini

Je reste à votre disposition, bien sûr. Mais il est vraiment très imprudent d’essayer de faire des diagnostics à distance. Ce que je vous dis n’a donc qu’une valeur très limitée.

Bien à vous,

M.C.

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