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En réponse à :

L’agonie

, par Michel

Bonjour, Katia.

Je voudrais pouvoir vous rassurer complètement ; mais il faut avant tout rester honnête, et je ne peux savoir comment les choses se sont passées.

Il est difficile de juger du râle agonique : c’est un brui terrifiant, et comme tout ce qui est terrifiant on a toujours tendance à le vivre plus intense qu’il n’est ; d’autre part si le bruit est très pénible il y a de solides arguments pour affirmer que le vécu du malade, lui, ne l’est pas. Une des grandes difficultés de l’agonie est d’arriver à faire la part de la souffrance du malade et de celle de son entourage, et ce dans un moment où la symbiose est telle que c’est totalement illusoire.

Mais d’autre part il faudrait être sûr qu’il s’agissait d’un râle, c’est-à-dire de ce bruit causé par des sécrétions minimes. Il arrive aussi que le malade présente un encombrement bronchique, dont les causes sont diverses et le traitement peu commode : les aspirations ne peuvent être efficaces que si elles sont agressives, aucun médicament n’agit vraiment. Ce qu’on fait alors, c’est recourir à de faibles doses de morphine, de manière à mettre en sommeil le centre de la respiration et à éviter que le malade ressente péniblement cette situation ; quand cela ne suffit pas on ajoute des sédatifs, également à faibles doses. Si l’équipe vous a dit que le malade ne souffrait pas, cela signifie, du moins j’espère, qu’elle a utilisé ces moyens, qui sont très efficaces.

Pour juger de la signification des mimiques et grimaces que vous avez observées, il aurait fallu être sur place : il existe des moyens simples d’évaluer le niveau de conscience d’un malade. Souvent, même dans un coma profond, on observe de ces mimiques, et... le problème est de savoir si elles ont seulement un sens. Car en fin de vie nous avons tellement besoin que les choses aient un sens que nous sommes prêts à en voir n’importe où, même là où d’évidence il n’y en a aucun. Cela ne simplifie pas les choses.

Mais l’essentiel est sans doute dans ce que vous indiquez plus bas : cet homme très âgé ne voulait pas partir. Et cela se produit. Il ne suffit pas d’être vieux pour consentir à la mort, et on voit effectivement des sujets très âgés refuser cette perspective. On se trouve alors bien démuni, car cette lutte contre la mort est en elle-même source de souffrance, d’inconforts, bref de fin de vie difficiles. Et que faire ? L’euthanasie serait encore plus absurde que dans les autres cas, puisqu’elle consisterait à tuer quelqu’un contre sa volonté clairement exprimée. On peut les endormir, mais même cela supposerait qu’ils acceptent de se laisser aller, et ce n’est pas le cas.

Tout ce que je peux dire, c’est que d’après votre récit le pire, je veux dire une fin de vie cauchemar, a été évité.

Bien à vous,

M.C.

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