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En réponse à :

La communication avec le dément

, par Michel

Bonjour, Aude.

Vous imaginez bien que sur de telles questions il ne serait pas possible de vous faire une réponse détaillée dans un simple message de forum. Mais je peux tout de même vous donner quelques indications.

La violence des patients. Vous postez sur un forum annexé à l’article « La communication avec le dément » ; je vais donc commencer par là.

La démence ne rend pas violent. Les gens qui étaient violents ne cessent pas de l’être quand ils sont déments, et inversement les gens qui ne l’étaient pas ne le deviennent pas. Quand on a affaire à comportement violent chez le dément, il faut envisager trois hypothèses :
- La plus rare est celle du sujet violent qui l’est parce qu’il l’a toujours été.
- A peine moins rare est le cas du malade atteint de démence fronto-temporale, avec des effets de désinhibition.
- Mais dans l’écrasante majorité des cas, la violence du dément est réactionnelle : le comportement s’explique parce que le malade se trouve devant une situation qu’il ne sait pas analyser. Il peut s’agir de quelque chose qui lui fait peur, ou du sentiment d’être humilié, ou même tout simplement d’un inconfort (douleur par exemple). Ce sont des situations d’autant plus fréquentes que la perte de la cognition rend le dément extrêmement sensible à toutes les impolitesses minimes qui, dans la vie courante, passent inaperçues.

Il faut donc avant toute chose lutter contre cette rumeur qui voudrait que la démence rende méchant, et qui renvoie à une fantasmatique de terreur qui fait du malade une sorte de zombie.

Si maintenant nous étendons la question aux malades non déments, je ne suis pas certain qu’elle se pose de manière tellement différente, mais je n’ai pas étudié cette question.

La conséquence me semble évidente : face à un malade violent il faut absolument que l’équipe procède à une analyse de la situation. Il y a une explication, et il faut la trouver. Je ne peux guère vous en dire plus car il faudrait de très longs commentaires ; ce ne peut être que de l’étude de cas. Ne pas oublier toutes les causes physiques d’inconfort ; autrement dit cette analyse suppose la présence du psychologue et du médecin. Et ne pas se précipiter sur les neuroleptiques. On peut s’y trouver acculé, mais le plus souvent ils sont immérités et peuvent être contre-productifs quand le malade lutte contre le traitement, ce qui est fréquent.

Bien sûr il est capital que le soignant en butte à la violence du patient ne reste pas seul, qu’il soit immédiatement conscient qu’il est en danger de réagir lui-même par une attitude violente, et que quand cela se produit il en parle de manière à pouvoir déculpabiliser et à trouver rapidement les attitudes correctives.

Votre seconde question m’étonne un peu plus. En effet le problème du malade qui parle de se suicider est très important, mais vous commentez : il faut y prêter attention car si la personne passe finalement à l’acte, c’est ingérable moralement pour le soignant s’il n’a pas essayé de dissuader le patient. C’est à considérer en effet, mais… ce n’est pas du tout pour cela qu’il faut écouter les menaces de suicide. Ce qui compte c’est que le malade qui parle de se suicider dit quelque chose. Et je dirais que le débat ne se résume nullement à la question de savoir si le malade va ou non passer à l’acte ; après tout le suicide est une liberté. Mais faire et dire son deux choses, et celui qui parle de se donner la mort dit quelque chose d’important, qu’il faut écouter et saisir. Après tout il en va de même pout la vieille personne qui réclame la mort : on a grand tort de ne pas la prendre au sérieux, c’est une vraie demande (même si la réponse peut être très variable).

Ensuite il faut que ce malade soit examiné. Contrairement à ce qu’on nous enseigne, le désir de mort n’est pas synonyme de dépression ; c’est souvent le cas, mais prétendre que la dépression est la seule cause du désir de mort est très réducteur. Pour autant il faut bien en tendu s’en assurer.

Bien à vous,

M.C.

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