Poster un message

En réponse à :

La détresse des hôpitaux français

, par Michel

Je ne crois pas que la question du rapport à l’argent soit pertinente. Je ne crois pas qu’il soit pertinent de laisser penser qu’un médecin puisse avoir l’objectif de faire du profit, je ne vois pas en quoi un médecin de ville peut considérer être un entrepreneur, ou considérer qu’il s’agit là de son activité, et donc de son revenu. Si la sécurité sociale décide de rembourser ses patients au point que cela libère 1M par mois de revenus, et même 1M par an, c’est qu’il y a un aspect que le système de santé aurait pu exploiter lui-même et utiliser ce revenu afin de compenser d’autres aspects moins rentables. Un revenu de 1M est le signe d’une anomalie, pas d’une conception personnelle du rapport au travail et à l’argent.

Vous auriez raison si… vous aviez raison. Je vous confirme que pour l’écrasante majorité des médecins que j’ai connus, la question du pognon n’était pas marginale. Et j’avais été choqué de constater cela dès le début de mes études en écoutant mes condisciples.

Mais l’essentiel n’est pas là. Je fais mienne, bien entendu, votre remarque sur le caractère économiquement irrationnel d’un revenu trop élevé. Mais elle n’est nullement incompatible avec la mienne, plus générale, sur le statut ontologique, ou moral si vous préférez, des revenus démesurés. Les cris d’orfraie qu’on pousse à propos du tarif des consultations est insupportable : en France et en 2019, aucun travail ne mérite moins de € 1 500 par mois ; aucun ne mérite plus de € 6 000.

Mais cela vaut pour tous les emplois.

Bien sûr. Mais nous parlons des aides-soignantes. Et sauf à renoncer (on le pourrait) à toute échelle des salaires je crois qu’une aide-soignante « mérite » € 300 de plus que ce qu’elle a.

Mais justement, il n’y a plus de marché, il n’y a plus d’équilibre possible : le public ne fait pas le poids puisque le système de remboursement est trop généreux en faveur du privé et qu’il ne peut lui-même en profiter ce qui accroît le déséquilibre. L’hôpital n’existe plus que pour ce que le privé n’est pas capable ou ne veut pas assurer, les urgences en particulier.

Vous avez raison au sens d’Adam Smith : on ne peut pas parler de marché s’il n’est pas équilibré. Mais dans la vraie vie les choses se passent autrement ; le marché existe en soi, il n’est pas possible de penser une situation où il n’y aurait pas de marché ; autant demander à quelqu’un de ne pas avoir de comportement. L’une des erreurs des économistes est d’opposer équilibre et déséquilibre : le déséquilibre est une forme d’équilibre, quand je marche je ne le fais que parce que je suis en déséquilibre.

Deux remarques supplémentaires :

le public ne fait pas le poids puisque le système de remboursement est trop généreux en faveur du privé et qu’il ne peut lui-même en profiter ce qui accroît le déséquilibre.

J’inverserais cause et conséquence : ce n’est pas parce que le système est trop généreux pour le privé que le public souffre, c’est pour que le public souffre moins qu’il faut limiter les transferts d’argent vers le privé. J’ajoute que :
- Il n’y a pas si longtemps on a enregistré une vague de faillites dans les établissements privés.
- Si le privé paie mieux ses médecins, c’est aussi parce qu’il gère mieux.

L’hôpital n’existe plus que pour ce que le privé n’est pas capable ou ne veut pas assurer, les urgences en particulier.

Et c’est de moins en moins vrai comme le montre l’ouverture de plus en plus fréquente de services d’urgences dans les établissements privés. Mais comme le montre aussi le fait que les fleurons français de la cancérologie (Gustave Roussy, Curie, ou à Bordeaux Bergonié) sont des établissements privés.

"Bien sûr. Mais si on crée un système où 90% des soins sont pris en charge en dehors de l’hôpital on y verra plus clair".
C’est toujours une bonne idée de vouloir y voir plus clair. Le problème est peut-être que de cette façon, on met de côté une partie du problème
.

Je ne comprends pas l’objection. Actuellement 90% des personnes arrivant aux Urgences auraient dû être prises en charge en ville. Je ne réduis pas le problème à ce seul constat, je dis simplement que si on réglait ce point on obtiendrait une amélioration majeure.

Bien à vous,

M.C.

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici
  • Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.